La vallée des écluses endormies

par Claude Heitz | Le canal fantôme | 13 mars 2021



Arzviller Moselle


Notre point de départ se trouve sur le parking, situé sur la droite de la route (D97B) qui monte vers le plan incliné. Direction le rocher du Calice en suivant le rectangle jaune (nous passerons sous le rocher que nous ne verrons pas) et la maison éclusière n°13.



Dans la vallée des portes rouillées.


Les masques sont devenus des déchets comme les autres, on en trouve aujourd'hui partout, même sur les chemins de randonnée, c'est désolant !

C'est une vallée étroite, encaissée entre les deux villages de Saint-Louis et de Henridorff. Au fond du vallon, bordé de hautes falaises de grès, coule le paisible Teigelbach, un affluent de la Zorn. De temps en temps, le calme et la tranquilité du lieu sont déchirés par le passage des trains de la ligne Paris-Strasbourg.



Le sentier domine le nouveau canal de la Marne au Rhin.

À côté du ruisseau, et sur une distance d'un peu moins de 4 km, se succèdent les 17 écluses, aujourd'hui à l'abandon, de l'ancien lit du canal de la Marne au Rhin. La mise en service du fameux ascenseur à bateaux, le plan incliné de Saint-Louis-Arzviller en Moselle, a permis de raccourcir les délais de navigation.



Notre sentier s'engouffre dans un premier tunnel, assez long, qui passe sous le canal actuel.

Le canal de 300 km de long relie Vitry-le-François à Strasbourg. Au fil du temps, le transport par bateau devient trop lent, et régresse peu à peu, concurencé par le transport routier. Heureusement le tourisme fluvial a pris le relais et compense un tant soit peu la baisse du nombre de passage de péniches.

Le COVID est malheureusement aussi passé par ici. Depuis le jeudi 29 octobre 2020, le plan incliné a fermé ses portes aux visiteurs et touristes.



Une passerelle baptisée Patou enjambe le ruisseau du Teigelbach.

Le creusement du canal primitif, avec les moyens mécaniques de l'époque, s'est étalé sur une durée de près de 15 ans, entre 1838 et 1853. La construction du plan incliné, a nécessité le creusement d'un nouveau tronçon de canal à flanc de montagne. Les péniches sont ainsi amenées sur le haut de l'ouvrage. Dès 1962, les premiers travaux de prospection du sol étaient engagés. L'inauguration de l'ascenseur à bateaux a eu lieu en 1969.



Le sentier se déroule entre de sombres tunels et de petites passerelles.


La maison éclusière n°13 au débouché du sentier de randonnée.

La plupart des maisons éclusières de cette portion du canal de la Marne au Rhin ont été construites suivant un modèle standard.


De l'eau stagnante et une boue épaisse recouvrent le fond du canal.

Un programme de rénovation des maisons éclusières avait été lancé par la Communauté de Communes du Pays de Phalsbourg. La date de début des travaux n'est pas indiquée sur le tableau d'attribution des marchés, posé en amont de la Voie Verte. Mais à voir certaines maisons, on a l'impression que le programme de réhabilitation n'a pas été mené jusqu'à son terme. À moins que le COVID ne soit également passé par ici !



L'écluse et la maison éclusière n°12.

Charme du temps qui s'est arrêté, le canal semble en sommeil. Le temps s'est figé dans une immobilité perpétuelle. Ouvertes ou mi-closes, les portes métalliques des écluses sont bloquées par les broussailles et la corrosion. Les pierres se couvrent de mousse et de lierres, pendant que la rouille, silencieusement, patiemment, ronge le fer.


Les portes de l'écluse n°11

La masse sombre d'un ragondin somnolant, se dessine au milieu de la végétation desséchée. Pas farouche, l'animal nous surveille du coin de l'œil. Il n'est pas le seul, d'autres de ses congénères se prélassent un peu plus loin au fond du canal.



Le ragondin craint le froid. Mais les hivers doux et pluvieux de ces dernières années, n'ont pas permis de réguler suffisamment leur nombre.


Le bief à sec aux pieds des falaises. Un bief est une portion de canal entre deux écluses.


Les eaux stagnantes croupissent dans les tronçons du canal où poussent les joncs et les plantes aquatiques.


La maison n° 10, avec une belle et grande terrasse, la seule d'ailleurs à en être équipée, paraît entièrement rénovée. Mais aussi inoccupée.


La maison éclusière n°9 est pratiquement adossée à la paroi de grès.


Des traces claires le long de la paroi, trahissent la présence de nids de faucons.


Ecluse et maison n°6. Un batardeau retient un peu d'eau dans le bief en amont.


Une stèle rappelle la mort par noyade du capitaine allemand Karl Thielen, chef de compagnie au 143ème régiment d'infanterie, tombé dans le canal avec son cheval, le 28 août 1895.
L'histoire ne dit pas si le cheval s'en est sortie !


Une grande aigrette en chasse dans le Teigelbach.

Entre les écluses 2 et 3, un étang de pêche a été aménagé dans le bassin de retournement. Une petite affichette rappelle qu'un bon pêcheur, est un pêcheur sachant ramasser et emmener ses déchets, une fois sa pêche terminée. Cette maxime est également valable pour les promeneurs et randonneurs.



Peu à peu le ragondin prend possession de son nouveau territoire.

Le corps du rongeur émerge, à la surface de l'eau du canal. Longues moustaches, longue queue, et longues dents couleurs jaunes orangées. C'est une des attractions du canal abandonné. Originaire d'Amérique du Sud, il peut être porteur de nombreuses maladies, dont la leptospirose, transmissible à l’homme.



La maison éclusière n°2 a été transformée en crêperie. Elle est actuellement en mode veille pour cause de pandémie.

Malheureusement, le couvre-feu de 18 h oblige, nous avons du interrompre notre belle promenade et prendre le chemin du retour, mais avec la promesse de revenir bientôt.



Un jour, sur ses longues pattes, allait je ne sais où, une aigrette au long bec emmanché d'un long cou.


L'oeil rond et l'air méfiant, le héron cendré nous surveille de près.

Sur le chemin du retour, c'est un long tunel éclairé qui nous fait passé sous la ligne de chemin de fer. Nous longeons ensuite sur environ 1,5 km le nouveau canal. En contrebas, nous retrouvons le chemin emprunté à l'aller (rectangle jaune), pour repassé à nouveau sous le canal. Une petite grimpette et voilà la D97B que nous suivons jusqu'au parking où nous attend sagement la voiture.


N'oubliez pas d'éteindre en sortant!


Une mince pellicule de glace flotte encore à la surface de l'eau.


Allez Hoplà, c'est tout pour aujourd'hui, salü bisàmme!



Les milieux que vous fréquentez durant vos randonnées sont fragiles. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Emportez toujours vos déchets. La nature vous en sera reconnaissante, et moi aussi!



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