Une randonnée au Spitzberg

Non, ce Spitzberg-là n'est pas l'île norvégienne de l'archipel du Svalbard

Mais du haut de ces 759 m d'altitude, il offre tout de même une vue imprenable sur le massif forestier de Dabo et de son rocher.

- Claude - 05 juillet 2023 - Temps de lecture: 5 min -

C'est une randonnée pour s'aérer l'esprit, pour échapper, même pour une journée seulement, à ce climat désespérant que nous déverse à longueur de journée les chaînes d'informations en continu. Avec leurs journalistes-chroniqueurs-détenteurs de la vérité révélée, où expert et spécialiste en tout genre venu on ne sait d'où, nous rabâchent inlassablement les mêmes infos anxiogènes.

Les temps sont bien moroses et prêtent peu à rire. Pour échapper à cette ambiance, il n'y a rien de mieux que de faire une randonnée dans nos belles forêts vosgiennes par ces temps troublés. La journée s'annonce belle et chaude mais sans excès, c'est une raison de plus pour en profiter et s'exiler dans la nature.

Notre sortie débute au parking du Sandplatz, facilement accessible depuis Winsbourg. Les quelques maisons, blotties au fond de la vallée de la Mossig, sont un écart dépendant de Wangenbourg-Engenthal.

Le circuit du jour : Départ du Sandplatz - La maison forestière du Spitzberg - Le Spitzberg - le Hengst par une grande boucle - Le col du Hoellenwasen - L'Urstein - on repasse au Hengst - et retour au Sandplatz, soit une boucle d'environ 13 km 500 pour un dénivelé de 275 m.

D'un versant à l'autre

La première étape nous mène par la route forestière du Sptizberg, à la maison forestière du même nom. Elle a été édifiée à l'aube du XXe siècle, pour servir de relais de chasse à l'empereur Guillaume II, qui n'y a d'ailleurs jamais mis les pieds. Laissé à l'abandon, la maison a été entièrement restaurée par les membres de l'association des Amis du Spitzberg. En 2019, elle est sélectionnée par la Fondation du Patrimoine portée par Stéphane Bern.

L'ancien relais de chasse a retrouvé une nouvelle jeunesse, grâce à l'association des "Amis du Spitzberg".

Après la visite de la maison forestière, nous poursuivons encore sur une centaine de mètres vers le Nord. Nous ignorons un premier chemin qui part sur notre gauche. Un peu plus loin, c'est un sentier, balisé de la croix jaune et sans dénivelé notable, qui se sépare du chemin principal que nous suivons pour un aller-retour.

Les digitales en fleurs ont colonisé une coupe forestière.

La montée vers le rocher du Spitzberg est un peu plus accentuée, mais sans excès. Sous la voute des arbres, le sentier devient plus étroit. En sous-bois, quelques gros rochers recouverts de mousse apparaissent çà et là au milieu des nombreux plants de myrtilles, malheureusement porteurs de peu de fruits malgré la saison.

Des îlots rocheux cernés de sapins.

Des digitales pourpres, hautes rampes chargées de corolles tombantes tournées vers le soleil, ont colonisé une coupe forestière. Au bout de la piste, une superbe vue plongeante s'ouvre sur les collines environnantes. Au loin se découpe le rocher de Dabo. Au-delà, c'est le plat pays que se disputent la Lorraine et l'Alsace Bossue.

La monotonie n'existe pas sur ces hauteurs, c'est une découverte et un éblouissement permanent.

Après quelques minutes de contemplation du spectacle toujours renouvelé que nous offre la nature, on se remet en route en direction du Hengst. C'est une grande boucle, à l'écart des chemins fréquentés, faite de petits sentiers magnifiquement verts, qui se cachent au-dessus des vallées, qui vont nous y conduire. Les digitales en fleurs, solitaires ou par groupes, s'élancent de partout comme de longues fusées roses au-dessus de l'amas léger et infini des fougères. À la jonction de la route forestière du Spitzberg avec celle de la Schnockenlochmatt, le sentier, à peine esquissé, s'élève au milieu d'une végétation dense.

On monte, on descend. Il n'y a pas de gros dénivelés, mais une forêt doucement vallonnée où les arbres défient parfois les lois de l'équilibre. Dans une épingle à gauche, à quelques mètres avant le carrefour du Pirronsberg, nous retrouvons la route forestière de la Pierre du Feu. Nous la suivons en direction du Hengst, sous le Michelskopf et la Langwand. Çà et là, le long du chemin, quelques vestiges de feux de camp. Enfin, nous passons devant ce qui reste du chalet du Hengst, ravagé par des flammes d'origines criminelles.

La chaume du Hengst. Selon la légende, le bloc de grès serait les restes d'un ancien menhir de l'époque celtique. Certains lui trouvent une ressemblance avec un étalon, d'où son nom.

Une petite boucle dans une grande boucle

Nous voici de retour en terrain connu, près de 2 ans après une précédente rando entre la Schleif et le Hoellenwasen.

De la prairie-chaume, nous partons pour un petit circuit qui nous fait passer par le col du Hoellenwasen, le rocher de l'Urstein puis retour au Hengst.

La Vierge Marie, dans sa niche clouée au tronc d'un arbre, domine le randonneur au croisement des chemins du Hoellenwasen. En ces lieux reculés, les moines évangélisateurs du moyen Âge ont remplacé les idoles païennes par des symboles chrétiens.

À la croisée des chemins, Marie veille du haut de son oratoire sur le randonneur égaré.

Du Hoellenwasen nous prenons la direction de l'Urstein. Au hasard d'une trouée, apparait la vallée de la Bruche à hauteur d'Urmatt et de Lutzelhouse. Au loin, on distingue la plaine d'Alsace et au-delà se dessine, sous un ciel légèrement cotonneux, la ligne sombre de la Forêt Noire. En poursuivant vers l'Urstein, un petit muret en pierres sèches, édifié sous une avancée rocheuse, pourrait être le témoin d'un ancien abri, d'après la taille des moellons grossièrement équarris.

De retour au Hengst, nous croisons deux cueilleurs de myrtilles un peu dépités, revenus bredouilles de leurs quêtes des petites baies bleues violacées.

Depuis la plate forme de l'Urstein. À l'Ouest rien de nouveau. À l'Est non plus d'ailleurs.

La journée touche doucement à sa fin. Nous voilà repartis en direction du Sandplatz pour la dernière partie de ce circuit. Le sentier se faufile entre les plants de myrtilles et les hauts conifères.