Du col du Pfaffenschlick à la chapelle du Climbronn

Un massif forestier fortement marqué par l'empreinte de la Deuxième Guerre mondiale.

Visage gravé fontaine La ligne Maginot, comme chacun sait, est une ligne de défense des frontières terrestres de l'Est de la France. Elle court depuis la mer du Nord jusqu'au Cap-Estel sur les bords de la Méditérrannée, et même jusqu'en Corse. En Alsace, elle longe, du Nord au Sud sur près de 200 km, la frontière allemande jusqu'à la frontière Suisse. Mais les différents ouvrages ; blockhaus, forts, fossés antichars, casemates et autres blocs de combats, sont réparties de façon inégale le long de cette ligne. Le massif du Hochwald, entre Climbach et Cleebourg, est traversé par une ligne de défense appelée le fossé du Hochwald long de 1500 mètres. Il relit deux blocs de combat situés de part et d'autre du massif.

#Cette randonnée d'environ 10 km, prend son départ au col du Pfaffenschlick à 371 m d'altitude, entre Pfaffenbronn et Drachenbronn. Le circuit en lui-même ne présent aucune difficulté particulière. L'épreuve du jour a été de trouver une place de stationnement au sommet du col. Le moindre espace libre est propriété privée du restaurant et réservé à la seule clientèle, ce qui peut se comprendre, mais tout de même ! Laisser de la place à deux ou trois voitures pour les randonneurs serait la bien venue.
Cl. Heitz



Le cicuit du Pfaffenschlick - Climbach Bas-Rhin le 08/12/2021 - Publié le 12/12/2021

Le parking du restaurant est totalement désert, quand nous nous élançons sur le chemin forestier du GR532, balisé du rectangle jaune. Sur le sol gorgé d'eau, les feuilles mortes forme comme un tapis moelleux. Mais par endroits, creusées par de gros engins forestiers, ce sont des ornières boueuses, profondes et glissantes, qui rendent la marche délicate.

Le col du Pfaffenschlick est désert en ce début de matinée.

À la première bifurcation, nous prenons la variante du Stiefelsberg, rectangle et losange jaune. Un panneau informe que ce passage est dangereux, surtout accompagné d'enfants. C'est en fait le fossé du Hochwald, qui fait partie du système de défense de la ligne Maginot.

Au bord du chemin, un premier blockhaus partiellement détruit, confirme que nous sommes bien dans une zone militaire. La montagne est truffée de blockhaus, de tranchées, d'abris, de casemates, etc. Un régal pour les passionnés des vestiges de la dernière guerre mondiale.

Malgré la grisaille et une température plutôt fraîche, c'est une agréable promenade dans la forêt du Hochwald. Des traces et indices du passage de nombreux animaux sont visibles dans la fine couche de neige, en partie fondue, de cette fin d'automne.

Des cloches de tirs protègent le fossé antichar du Hochwald.


Le sentier, toujours balisé du rectangle jaune, arrive au bord de l'impressionnant fossé. Un panneau indique : Ligne Maginot fossé antichar 1937. C'est d'ailleurs au pied de ce panneau qu'il faut descendre dans la fosse. La mise en garde sur l'aspect dangereux du site n'est pas superflue. Un escalier étroit et recouvert de feuilles mortes glissantes, permet d'y accéder. En remontant le fossé par la gauche sur quelques mètres, on se trouve devant la chambre de tir de la casemate n°2, détruit par les allemands lors de leur retrait. En s'avançant plus près, on distingue encore les échelles d'accès aux cloches de tir. Pour poursuivre la randonnée, c'est l'escalier d'en face qu'il faut remonter.



Débutée en 1930, la construction du système de défense du Hochwald a duré sept années, pour devenir opérationnelle en 1936. C'est le plus grand ouvrage de la ligne Maginot en Alsace, c'est pourquoi il est connu sous l'appellation d'Ensemble fortifié. Le fossé antichar, de forme brisé et bien qu'impressionnant par ses dimensions, n'est qu'une petite partie de ces fortifications qui couvrent tout le massif du Hochwald. Les casemates qui assuraient la protection du fossé ont toutes été dynamitées lors du retrait de l'armée allemande en 1945.

Le fossé antichar et la casemate n°2.

Une grande partie du complexe militaire du Hochwald abritait la base aérienne 901 de Drachenbronn, jusqu'à sa dissolution en juillet 2015 et son rattachement à la base aérienne 133 de Nancy-Ochey. Sur le relief boisé, on distingue encore les radômes de protection des radars. La base assurait la surveillance aérienne de l'Est de la France. Elle était installée dans les anciens locaux souterrains d'un ouvrage du Hochwald. Mais la base est toujours utilisé par l'armée de l'air, et de ce fait, totalement fermé et interdit au public.

La rando se poursuit vers le carrefour des Trois Forêts que l'on atteint en moins de 5 minutes. La prochaine étape est le col du Stiefelsberg puis le col du Luchsenkopf par le triangle vert. Le long du chemin, des bornes frappées aux armes des Sickingen et des Wittelsbach, matérialises les anciennes limites des terres seigneuriales.


On trouve le blason des Sickingen au château du Hohenbourg à Wingen. Ils en sont propriétaires de 1522 jusqu'en 1680 où il est détruit par les troupes de Montclar. On le retrouve également au-dessus d'une porte du château du Haut-Kœnigsbourg, dont les Sickingen sont locataires au profit des Habsbourg, entre 1533 et 1606.



Les Wittelsbach étaient une des plus anciennes (début du XIe siècle) et des plus puissantes familles souveraines du Saint Empire romain germanique. Elle a notamment régné sur la Bavière et le Palatinat. De la branche Bavaroise est issue Élisabeth de Wittelsbach dite Sissi.
Dans le prolongement de la Révolution Française, entre octobre 1792 et janvier 1793, tous les princes allemands possessionnés en Alsace, sont dépossédés de leurs fiefs.

le col du Stiefelsberg

Entre le col du Stiefelsberg et le col du Luchsenkopf.

Après une boucle autour du Luchsenkopf, on retrouve le rectangle jaune qui nous guide jusqu'à la chapelle du Climbronn.

Les ruines de l'ermitage de Climbach.

L'histoire de cette chapelle est peu connue. Elle aurait été construite à l'emplacement d'un ancien sanctuaire païen. Une première chapelle en bois aurait été l'oeuvre d'un ermite nommé Richard, vers la du fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle. Devenu un lieu de pélerinage, une seconde chapelle est construite en grès un siècle plus tard par les Cisterciens de Pfaffenbronn.


Henri VIII de Fleckenstein, favorable à la Réforme luthérienne, introduit en 1542 la nouvelle religion dans les trente villages de la baronnie. Avec l'introduction de la Réforme dans la contrée, le pèlerinage tomba dans l'oubli et en ruine. La chapelle a probablement été détruite durant la guerre de Trente ans. Seul subsiste l'arc ogival qui sépare l'ancienne nef du cœur et une partie des murs de la chapelle du XIVe siècle.
Source : Panneau d'information du site

L'eau de cette source, dite Climbronn, est réputée depuis le Moyen Âge pour ses propriétés curatives. Mais la composition réelle de cette eau n'est pas connue.

Dans le lointain, les vestiges du château de Fleckenstein semblent toujours veillés sur la baronnie. Un dernier regard sur le village de Climbach, qui en cette fin de matinée hivernale semble encore dormir au fond de sa vallée, avant de reprendre notre randonnée en direction du col du Pfaffenschlick, le terminus de notre ballade.

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Du col du Pfaffenschlick à la chapelle du Climbronn Du col du Pfaffenschlick à la chapelle du Climbronn Reviewed by claude on 09:16 Rating: 5

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