Le Rosinelfels, un volcan à Urmatt

Quand des volcans jaillissent au milieu d'un paysage tropical alsacien

Cela se passait il y a fort longtemps, vers la fin du Permien, la dernière époque géologique du Paléozoïque, il y a plus de 250 millions d'années. Le climat est aride et l'érosion intense arase le massif hercynien, le socle de nos Vosges actuelles. Cette érosion dépose les grès permiens, qui constituent ainsi la première formation de la couverture sédimentaire des Vosges. Le paysage ressemble à un désert de sable avec des dunes. Ce sable constituera plus tard le grès. C'est aussi une période d'intense activité volcanique, le plus connu de ces volcans étant le Nideck. Mais un autre volcan, bien plus discret, se cache près d'Urmatt, entre le Soultzbach et le Eimerbaechel, c'est le Rosinelfels.

L'emplacement de l'Alsace sur le supercontinent de la Pangée, vers la fin du Permien, il y a 250 millions d'années.(1)

C'est une sortie qui date de 2015. Elle est toujours d'actualité, aucune éruption significative n'ayant eu lieu entre-temps.
Depuis la place des Fêtes dans le centre d'Urmatt, on remonte la rue de Molsheim jusqu'à son extrémité, où on peut trouver une place pour se garer. À partir d'ici, c'est le disque rouge du Club Vosgien qui servira de guide pour toute cette belle promenade.
Cl. Heitz

Le Rosinelfels, un volcan à Urmatt - Urmatt Bas-Rhin le 30/06/2015 - Mis à jour le 12/12/2021

Une promenade géologique

La route forestière du Kappelbronn prend le relais, dans le prolongement de la rue de Molsheim. Le disque rouge du Club Vosgien ne nous quittera plus tout au long du parcours de 8 km environ, sans difficulté particulière. Nous passerons par le Rosinelfels, la cascade du Soultzbach, le carrefour Wald Einsamkeit, le Salzloch et enfin le retour au point de départ.

Le chemin forestier s'enfonce dans le sous-bois.

Après environ 1 km 200, on s'engage sur la route forestière du Heidthal sur environ 1 km. Puis, abandonnant le chemin forestier, un petit sentier monte par la droite, en trois ou quatre lacets, jusqu'au sommet du Rosinelfels, en longeant la base de la formation rocheuse.

Le sentier grimpe en direction des rochers du Rosinelfels.

Ici, la composition de la roche est différente de celle du Nideck, qui pourtant ne se trouve qu'à 4 km à vol d'oiseau. C'est une roche friable, issue d'un volcanisme dit explosif. L'éruption se caractérise par la brusque libération de jets de gaz brûlants à très forte pression appelés nuées ardentes, et emportant des morceaux de lave récente ou ancienne.

Le sentier longe maintenant la base des rochers. Dans les failles de ce dépôt volcanique friable, la faune sauvage y trouve abris et protection en toute saison. En progressant vers le sommet, les pointes érodées des pitons volcaniques apparaissent. Par des ouvertures dans le couvert végétal, un large panorama s'ouvre sur la vallée de la Bruche.

Çà et là, des pitons érodés apparaissent au milieu de la végétation.

Le Rosinelfels se dresse à 438 mètres d'altitude au-dessus de la vallée de la Bruche. Vers l'Ouest, on distingue le Katzenberg, le Langenberg et au-delà le rocher de Mutzig. La vallée de la Bruche marque la limite apparente, séparant les Vosges hercyniennes au Sud et les Vosges gréseuses qui recouvrent le Nord du massif.

Partant du sommet, le sentier pénètre dans une sombre plantation de pins douglas. Très vite, le sentier vers l'aval s'élargit et devient un chemin d'exploitation, avant de retrouver la route forestière du Kappelbronn sur laquelle il faut s'engager par la droite. Une centaine de mètres plus loin, le sentier, toujours balisé du disque rouge, descend par la gauche dans le vallon du Soultzbach, où se dévoile la petite cascade.

Les eaux du Soultzbach chute d'une hauteur de 8 mètres.

Lors des chaudes journées d'été, la fraîcheur de cette jolie petite chute d'eau est la bienvenue. D'ici, la balade se poursuit par un chemin plus large, le GR532, qui part à droite du Soultzbach, pour arriver au carrefour dit Waldeinsamkeit, la solitude de la forêt. Au centre du carrefour se dresse le tronc dépouillé d'un Tsuga. C'est un conifère d'origine américaine et asiatique de grande taille, proche du sapin mais dont les cônes pendent comme ceux de l'épicéa. Sur son tronc a été fixée une sorte de nichoir dans lequel a été installé une statuette de la vierge.

La légende nous raconte que tôt le matin, quand la nuit étend encore son emprise sur la forêt, les jeunes filles de Haslach passaient par ici pour se rendre sur leur lieu de travail au Mullerhof. Mais, tapis dans l'ombre du sous-bois, un esprit malin les guettait et les poursuivait en leur jetant des pierres. Pour contrecarrer les assauts de l'esprit malfaisant, elles installèrent une statuette protectrice dans le nichoir. Et l'esprit malin ne se fit plus jamais entendre.

Le Saltzloch, la dernière curiosité de la journée.

Du carrefour Waldeinsamkeit, la route forestière prend maintenant la direction du Saltzloch. C'est un étrange trou d'eau lié à diverses légendes. Certains disent qu'il est sans fond alors que d'autres prétendent qu'il est directement relié à la mer. Mais pris par le temps, je n'ai pas cherché à vérifier ces dires.
La randonnée tire doucement à sa fin. Il ne reste plus qu'à prendre la direction d'Urmatt, et arrivé sur la rue de Molsheim, prendre à droite pour rejoindre sa voiture.

(1)Source de la carte : Ancient Earth globe. Site en anglais.

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