Les invisibles de Baerenthal
#Au-dessus du chemin, un mystérieux félin, couché sur un rebord de grès, nous observe d'un air méfiant. Gardien des rochers, il veille sur un site naturel d'exception. Dans une vertigineuse plongée à travers les millénaires, il nous entraine jusqu'aux traces des tout premiers hommes qui foulèrent ce sol, des milliers d'années avant nous.
Nombreux sont les rochers parfois monumentaux ou parfois plus petits, disséminés çà et là, et cachés dans les forêts des Vosges du Nord. Beaucoup sont connus et indiqués sur les cartes de randonnée. D'autres par contre, sont totalement inconnus et ignorés, comme le Strohhutfels (le Chapeau de paille), l'Eichenblatt (la Feuille de chêne), ou encore le Zwillingsfelsen (les rochers Jumeaux), le Speckfelse (le rocher du Lard), etc. Ce sont ceux que j'appelle les rochers invisibles.
Après mon premier article intitulé Les rochers solitaires d'Éguelshardt, voici la suite de nos découvertes rocheuses.
Le but principal de cette sortie était d'abord le rocher du Hausberg, dont certaines descriptions vantaient les nombreuses marques et polissoirs gravés dans le grès. D'autres le décrive comme un site préhistorique. Plusieurs localisations différentes étaient également données pour ce rocher. C'est à se demander si ces personnes étaient vraiment sur place. C'est finalement grâce à un site allemand (!) que j'ai pu le situer exactement.
L'accès le plus rapide au rocher du Hausberg, peut se faire depuis l'ancienne maison des gardes de chemin de fer, au sud de Lieschbach. Cette ancienne voie ferroviaire, qui reliait jadis Niederbronn-les-Bains à Sarreguemines, est fermée depuis 1996. Laissé à l'abandon, elle se perd au milieu des hautes herbes près de la maison des gardes, qui ne garde plus qu'elle-même.
Le rocher du Hausberg est gravé de rainures d'affûtages du néolithique et d'inscriptions plus récentes.
Le rebord bas du côté le plus facilement accessible depuis le chemin, serait gravé d'une dizaine de rainures et de croix. Dissimulées sous un enchevêtrement inextricable de ronces et d'épines, je n'ai pas réussi à les trouver. Le sommet de la barre de grès est néanmoins aisément accessible.
Dans certaines documentations, le rocher est décrit comme un site de hauteur. Il a fait l'objet de prospections, mais sans découvertes notables, si ce n'est des rainures du néolithique ainsi que des graffitis avec la date de 1914. Un amas de rochers a été identifié comme un rempart, mais non daté.
Poursuivant notre promenade en direction des Rochers Jumeaux et du Speckfelse, que je n'ai d'ailleurs pas réussi à localiser*, c'est un autre rocher qui attire mon attention. Situé au-dessus d'un coude du chemin, il est formé de trois petites arches. L'érosion a également creusée une sorte de petit tunnel.
Le rocher sans nom, façonné par des millénaires d'érosion.
Tout au long du chemin, nous croisons d'autres rochers anonymes. Dès la fin de l'automne, quand les branches dépouillées de leurs feuilles laisseront passer les pâles rayons du soleil, il sera alors bon de partir à la découverte de ces monuments de grès.
De nombreux rochers solitaires se dressent le long du chemin.
Le village des ours
C'est lors d'un partage en 1606, que le village de Baerenthal devient une possession des comtes de Hanau. En ce temps-là, quelques ours erraient encore sur le territoire. La légende raconte que le comte de Hanau-Lichtenberg abatit en 1750 le dernier plantigrade dans la forêt de Muhlthal, il donna alors le nom de Baerenthal, la vallée des ours, au village. Une autre légende dit qu'un ours aurait été attaché à un rocher dans la vallée de l'Altbaerenthal et qu'on entendrait encore ses hurlements, mêlés au bruit du tonnerre lors de mauvais temps.
Dans le Bas-Rhin, c'est dans le secteur de Barr, que le dernier ours aurait été tué en 1695 au col de Krax, par le garde forestier du château d'Andlau. Mais c'est surtout au XVIIIe siècle, avec la diffusion des armes à feu, que les ours (et d'autres prédateurs) seront massacrés et finiront par disparaître du paysage vosgien.
Des rochers entre Baerenthal et Philippsbourg.
* Ces rochers, que j'ai probablement dû cotoyer sans les voir, cachés par la végétation ou par manque de temps, seront mes prochains objectifs, avec d'autres, de mes sorties automnales.
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Belles promenades. Merci pour le partage.
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