Les rochers solitaires d'Éguelshardt
Au fil des randonnées, d'escapes où simplement de nos balades dans les Vosges Haut-Rhinoises et les Vosges du Nord, nous avons découvert des rochers remarquables. Certains sont connus, d'autres sans nom et cachés dans les replis des collines. Cet article est le premier d'une série relatant nos découvertes rocheuses.
À la source de mythes et de légendes
Depuis des millions d'années, la croûte terrestre est secouée de mouvements géologiques qui provoquent de nombreuses fractures dans les rochers de nos montagnes. Au fil des millénaires, des fissures se sont créées provoquant des failles et des fractures. Sous l'effet du gel et de l'eau de pluie qui s'infiltre par ruissellement, l'érosion agrandit les fissures. Des sommets, des pans entiers de roche se détachent alors et dévalent les pentes. On retrouve leurs vestiges, de toute les ailles et de toutes les formes, éparpillés dans les forêts alentours.
- Le Schweitzerkoepfel
- Le Rehkoepfel
- Le Bisenberg
- L'Armsberg
Autour d'Éguelshardt
La roche des Fées, une boule de granite près de la route
des Crêtes. Gazon du Faing, Le Valtin, Vosges.
De granite pour la plupart dans les Hautes Vosges, de grès dans les Vosges du Nord, ces rochers remarquables sont disséminés aux quatre coins du massif vosgien. Sur les chemins de randonnée escarpés, on peut s'amuser à découvrir ces énormes blocs aux formes aussi diverses qu'étonnantes. Faciles d'accès pour la plupart d'entre eux, d'autres se mérites. Il faut alors mouiller sa chemise pour espérer s'en approcher.
Ces monolithes de plusieurs mètres de haut pour certains, se cachent hors des sentiers battus, accrochés aux pentes raides des montagnes ou des collines. D'autres sont dissimulés sous les hauts sapins aux branches tombantes. Mais le travail patient de la nature ne s'arrête jamais. Le vent, patiemment, jour après jour, été comme hiver, s'emploie à les sculpter.
Aujourd'hui, nous partons explorer quelques rochers isolés, et plus particulièrement ceux des Vosges du Nord. Cette première sortie d'exploration, d'autres suivront, d'une dizaine de kilomètres, a pour but de partir à la découverte de quelques rochers isolés près d'Eguelshardt en Moselle, entre l'Armsberg et le Biesenberg, en passant par la Petite Suisse et le Rehkoepfel.
Le Schweitzerkoepfel
En forme de tables, de champignons, de reptiles antédiluviens, de calices, en boules, en baleines, en fourches, d'autres encore en équilibre instables et prêt à basculer dans le vide, etc. Par leur forme, ils n'ont pas manqué d'intriguer, de fasciner ou d'inspirer crainte et peur à nos ancêtres. Ils trouvaient toujours une signification divine, satanique ou magique à tout ce qui était extraordinaire, à tout ce qu'ils ne pouvaient expliquer. Des mythes et des légendes ont ainsi pris naissance.
Un rocher sans nom sur le Schweitzerkoepfel. L'érosion a pris un aspect plus torturé sur le côté le plus exposé au soleil. En forme de vague, sur la face un peu plus ombragée.
Partir un peu à l'aveugle, découvrir des endroits pris au hasard sur la carte de randonnée, c'est une autre manière de parcourir notre région hors des sentiers battus.
La localisation de ces curiosités géologiques est souvent approximative. Alors on visite des endroits un peu perdus, on découvre des choses, on se pose des questions.
Le rocher se prolonge à l'arrière par une étroite avancée, recouverte de mousse et d'aiguilles de pins. Vers le Sud, au travers des branches des feuillus et des résineux, on distingue le donjon carré du château de Waldeck. Quelques pins sylvestres, regroupés au centre du promontoire, s'accrochent miraculeusement sur l'étrave rocheuse.
Le Rehkoepfel
On passe le col du Sandkopf à 345 m d'altitude. Le Rehkoepfel prend le relais. C'est une succession de buttes de grès qui se dressent sur la crête.
Une première butte de grès attire mon attention. Sa base est creusée de toutes sortes de cavités que les araignées ont recouvertes de leurs toiles.
Dans les Vosges du Nord, de nombreux rochers anonymes aux formes surprenantes, creusés de grottes, d'arches, ou à l'aspect d'animaux antédiluviens, se cachent sur les flancs ou sur les crêtes de nos vertes collines boisées. D'autres sont creusés de polissoirs, vestiges millénaires des premiers Alsaciens ayant occupé la région. Le plus connu de ces polissoirs étant celui d'Haspelschiedt au Nord de Bitche.
Un peu plus loin, c'est un autre rocher qui attire mon regard. Celui-ci change d'apparence selon l'angle sous lequel il est observé.
Dans cette partie appelée le "pays couvert", les hommes du Néolithique ont laissé peu de traces de leur passage. Seul quelque rares objets ont été découverts, le plus souvent en plaine, dans le "pays découvert". Ces hommes, venus dans la région depuis le Nord-Est et la vallée du Neckar vers 6000 ans av.J.-C., commencent à se sédentariser, deviennent agriculteurs et construisent des maisons.
Le Bisenberg
Au col du Sandkopf, nous avons croisé le sentier de la ligne Maginot. D'une longueur de 109 km (à vérifier), il relit Roeschwoog dans le Bas-Rhin à Bitche en Moselle. Nous l'avons suivi, mais seulement jusqu'au Bisenberg !
Voir sur Openstreetmap
Le sentier de la ligne Maginot passe par la route forestière du Zinzelbach.
Bien que se trouvant dans un périmètre assez restreint autour d'Eguelshardt, les indications récoltées ici ou là sur quelques rochers sont trop imprécises, trop vagues pour m'être d'une aide quelconque. Situés hors des sentiers battus pour la plupart d'entre eux, il faudrait gravir et étudier presque chaque colline, ce qui m'est pratiquement impossible. Pour aujourd'hui, je me limite donc à l'exploration de quelques rochers de grès de cette zone.
Le premier rocher croisé domine le sentier. Une avancée rocheuse forme un petit abri, dont la paroi du fond présente une texture de papier froissé.
Pour trouver un endroit bien précis, les indications ou les repères donnés dans certains livres, magazines ou sur d'anciennes cartes, ne se retrouve pas toujours sur le terrain, où alors si par hasard on les trouve, ils ne sont pas au bon endroit. Ainsi, les informations recueillies pour le Bisenberg étaient assez vagues.
Au bord du chemin, des rochers se dressent comme un rempart sur le sommet de la colline. Juste à côté, une pierre posée au sol est gravée d'une large rainure.
N'ayant pas pu trouver le rocher recherché, nous sommes donc repartis un peu déçus. Ce n'est que partie remise. De ce fait, certaines explorations sont plus longues, intéressantes ou plus riches que d'autres, ça dépend du lieu, de son histoire, de ce qui s'y est passé.
La barre rocheuse du Kandelfelsen depuis le Bisenberg.
L'Armsberg
La chaleur commence à peser sur nos épaules, quand nous gravissons l'Armsberg, le dernier rocher de la journée. Le chemin d'accès du côté de la maison forestière de la Petite Suisse est raide et glissant.
Le rocher de l'Armsberg appelé le "Vergessener Turm", la tour oubliée, vu depuis le Schweizerländel. La base de ce rocher ne montre aucun élément particulier.
Arrivé au sommet, je fais le tour de la première butte rencontré, mais elle est sans grande originalité. Dans une ancienne description, il est question d'une échelle permettant d'accéder à une avancée à mi-hauteur. L'échelle a probablement disparu depuis bien longtemps.
Les Vosges du Nord regorgent de ces buttes de grès disséminés çà et là. Sculptées par le vent, ces curiosités géologiques aux formes étranges font partie intégrante du paysage. Le ruissellement des pluies les a façonnés depuis des millions d’années. Transformés en pierre de légende, ils sont devenus tour à tour des objets du diable, des abris de fées, de lutins ou des tables de rituel. Entourées d'énigmes et de secrets, ces rochers pittoresques continuent de susciter l'intérêt et l'imagination des promeneurs curieux.
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