Les quatre saisons du Nideck

Un rendez-vous en terre connue pour un voyage hors du temps.

Adalbert de ChamissoIl y a certaines destinations où l’on ne va qu’une fois, d’autres où on y retourne inlassablement, comme attiré par un aimant. Déserté en semaine, le massif forestier de la forêt de Haslach fait partie de ces endroits. On y trouve tout ce qui fait l'attrait pour le randonneur curieux de son environnement. Le massif, avec ses 3 000 hectares de superficie, présente suffisamment de diversité pour rendre la marche captivante, en allant de découverte en découverte. Entre les forêts de sapins, de hêtres ou de chênes, se cachent également les vestiges de châteaux médiévaux et de rochers, offrants un large panorama remarquable sur les forêts et la vallée de la Hasel. En terrain vallonné, les dénivelés sont tout à fait acceptables sur des sentiers et des chemins balisés par le Club Vosgien. Ils n’exigent aucune formation ni technique particulière de marche. Il est toutefois recommandé de s'équiper de bonnes chaussures de randonnées.

Cl. Heitz


#Le Bas-Rhin est dépourvu de lacs. En revanche plusieurs belles cascades y attirent l'attention de l'ami de la nature. Celle de Nideck en est la plus considérable, [...] enfin on se trouve arrêté au bas d'un immense rocher de porphyre, haut de 100 pieds, d'où se précipitent les eaux du torrent. Pour contempler cette cascade dans toute sa beauté, il faut la visiter après de fortes pluies ou après la fonte des neiges, où le fracas, la violence et le grand volume de la masse d'eau produisent une plus forte sensation dans l'âme du spectateur.

Extraits de "L'Alsace, nouvelle description historique et topographique des deux départements du Rhin". Jean Frédéric Aufschlager, 1766-1833.

Le Nideck - Oberhaslach Bas-Rhin le 07/09/2012 - Mise à jour le 14/01/2022

Après quelques kilomètres sur une route sinueuse et déserte, je me gare sur un parking sablonneux où s'aligne sur un côté, quelques troncs d'arbres ébranchés. Équipé comme il se doit, je m'enfonce dans l'immense et profonde forêt vosgienne, que la métamorphose des saisons renouvelles sans cesse.

Qui ne connaît pas le Nideck et sa cascade de légende, où il y a fort longtemps, des géants, seigneurs de Nideck, venaient tous les matins se laver dans ses eaux pures et fraîches !

Trois accès sont possibles pour visiter le site, tous se font par la D218 entre Oberhaslach et le col des Pandours. D'abord par le haut et la maison forestière du Nideck, ensuite par le bas, par l'auberge La cascade du Nideck et enfin par le côté Ouest, le plus facile, en suivant le GR532 (rectangle jaune).

Du parking situé près de l'Auberge de la Cascade, le sentier monte en pente douce en direction de la chute d'eau.

Il y a un je ne sais quoi qui attire dans le vallon. Avec ses falaises et sa cascade, ses châteaux forts et ses comtes fantastiques, le Nideck est de ceux-là. Pourtant le site est connu et fréquenté, pour ne pas dire couru, lors des week-ends et des beaux jours d'été. Pour évité cette foule et les désagrément qui vont avec, je privilégie les matins en semaine, été comme hiver, peu après le lever du soleil, dans la fraîcheur de l'aube. Il y règne alors une atmosphère irréelle, de calme et de sérénité. Seul le murmure du ruisseau vagabond m'accompagne dans mes flâneries.

Sous la paroi abrupt des falaises de porphyre, le chemin serpente dans le sous-bois. À chaque pas, se sont toutes les odeurs de la nature qui s'entremêlent, dans un subtile mélange au goût sucré indéfinissable, fait de terre et de mousse, de champignons et de bois mort, et de résine de pins fraîchement coupé.

vallon du nideck

À défaut de silex, les hommes de Néandertal ont travaillé la rhyolite, une roche dure d'origine volcanique.

Au bord du chemin qui me mène vers la cascade, des roches de couleur blanc-gris affleurent sous la mousse et les herbes. Cette roche, plus dur que le silex, est appelée la rhyolite du Nideck. Il y a 60 000 ans, les hommes de Néandertal ont exploités cette roche dans ce vallon perdu et isolé, pour en extraire et façonner des outils coupants et tranchants.

cheveux de glace

En hiver, pendant les nuits froides et humides, de curieux filaments poussent sur des branches de bois mort. Ce sont des cheveux de glace qui fondent instantanément au toucher.

Les cheveux de glace apparaissent sur du bois mort dans des zones ombragé après une nuit froide et humide. Le phénomène se manifeste lorsque l'eau, située près de la surface de la branche, gèle au contact de l'air froid en dessous de 0 °C. Ainsi, la glace aspire l'eau des pores du bois et se cristallise, ce qui permet aux cheveux de croître.

Doucement la forêt se réveille. Les ombres de la nuit se dissipent, et laissent la place à celles, plus furtives, qui se glissent entre le sous-bois et les taillis. En automne, des lambeaux de brumes se faufilent entre les silhouettes fantomatiques des arbres. Sous la rosée du matin, les premiers rayons d'un soleil encore hésitant, font scintiller la forêt de mille guirlandes de perles.

volcan du nideck volcan nideck porphyre nideck cascade

Après s'être frayé un chemin à travers la roche volcanique, le ruisseau se jette du haut de la falaise de porphyre.

Au fond du vallon en forme de cuvette, coule le Nideckbaechel. Le ruisseau prend sa source au pied du Schneeberg, entre le Baerenberg et l'Umwurf à 650 m d'altitude. Glissant vers l'aval, il passe à proximité de la maison forestière du Nideck. Un peu plus bas, après avoir contourné les vestiges des deux châteaux ruinés, il plonge dans les profondeurs par une chute de 25 mètres de haut. Autour de ce relief en creux aux formes irrégulières, l’horizon est barré par les hautes falaises volcaniques du Rebhoelzel et du Hirschfels. Puis se frayant un chemin entre les éboulis de roches, il rejoint la Hasel à hauteur de l'auberge de la Cascade.

la cascade du nideck

La couleur des rochers, patinés par la chute d'eau, évolue au fil des heures.

Le porphyre était apprécié dès l'antiquité pour sa splendeur et sa dureté. Difficiles à travailler, ces roches étaient utilisées comme pierres d'ornements tels que vasques, sarcophages, colonnes etc.

Les rochers de la cascade se sont drapés de neige et de glace.

Véritable havre de fraîcheur en plein été, ce n'est toutefois qu'en automne ou en hiver, quand le vallon se couvre de neige et que la cascade est prise dans la glace, que se dévoile tout un univers minéral. Mais c'est aussi pendant les saisons froides, qu'il faut parfois un peu de volonté pour s'extraire d'un lit bien chaud. Quand il faut se lever de bonne heure, quand dehors il fait nuit, il fait froid, et que tout est figé par le gel.

Les colonnes qui forment le Rebhoelzel, sont appelées orgues volcaniques. Elles se forment quand la coulée de lave en se refroidissant, se rétracte, puis se fissure.

cascade nideck

Juin 2020. La cascade a vu son volume d'eau fondre comme neige au soleil. Au fond du précipice, le ruisseau pratiquement tari, n'est plus qu'un minuscule filet d'eau.

château du nideck

Les châteaux du Nideck, vus depuis le belvédère situé à côté de la stèle. Celle-ci commémore l'achèvement des travaux de la construction de la D218 en 1935, qui relie Oberhaslach à Wangenbourg.

Ni la date exacte de leurs constructions, ni les noms des maîtres d'oeuvres des deux châteaux ne sont connus. Le Haut-Nideck a été édifié autour de l'an 1200, le Bas-Nideck vers le milieu du XIIIe siècle. Mentionnés une première fois en 1262, ils sont alors une possession de l'évêque de Strasbourg. Les deux châteaux sont laissés à l'abandons dès le début du XVIe siècle. Plusieurs propriétaires, et des sièges .......

Le Bas-Nideck, une des deux forteresses médiévales du XIIIe siècle, qui ont inspiré de nombreuses légendes, dont celle des géants du Nideck.

La porte d'entrée du Bas-Nideck, surmontée de la plaque à l'effigie d'Adalbert de Chamisso. Photo de droite, le Hirschfels vu depuis le belvédère de la cascade.

Du Bas-Nideck, il ne reste qu'un donjon carré et des vestiges de logis inaccessibles. Au-dessus de la porte d'accès au donjon, actuellement condamnée, une plaque rappelle l'auteur de la légende des géants du Nideck, Adalbert de Chamisso. Du Haut-Nideck, il n'en reste que les vestiges du logis protégé par un puissant mur-bouclier. Un escalier donne accès au sommet de la ruine.

À 545 m d'altitude, le rocher du Hirschfels domine la cuvette volcanique du Nideck. L'accès se fait depuis le haut de la cascade, en suivant le balisage à anneau bleu. Attention, l'accès au rocher en lui-même peu s'avérer dangereux.

Du rocher du Falkenstein au-dessus de Grendelbruch, la vue s'étend sur le versant Nord de la vallée de la Bruche. Dans un repli de la montagne, illuminé par un soleil hivernal, le vallon sauvage du Nideckbaechel s'ouvre en forme de cuvette. Les ruines des châteaux du Nideck se dressent au-dessus des parois de porphyre. Sur la droite, le rocher du Hirschfels s'avance au-dessus de la forêt.

À suivre...




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