Le mont Sainte-Odile

Le Hohenburc,
un château devenu abbaye

Pour patienter en attendant le retour d'un soleil un peu plus généreux et de repartir sur les chemins sablonneux des Vosges, voici une petite balade à la découverte du couvent du mont Sainte-Odile. Pour éviter la foule des grands jours, pèlerins, randonneurs et autres curieux (comme moi), je me lance sur la route vers Klingenthal et le mont Sainte-Odile, dès qu'une ébauche de clarté se dessine, annonciatrice d'une nouvelle journée.



Le couvent a été édifié autour de l'an 680, à l'extrémité d'un promontoire de grès qui domine la plaine d'Alsace, à 764 mètres d'altitude. Il est fort probable qu'un château primitif occupait déjà l'emplacement de l'abbaye, d'où le nom de Hohenburc, le château du haut et de Hohenburgerberg pour désigner la montagne.



- Publié le 16 février 2025 - Ottrott - Bas-Rhin -
Par Claude_H.




Adalric-Etichon est né vers 635 sous le règne des Rois Mérovingiens. Il est duc d'Alsace entre 675 et 700 d'abord sous Childéric II, roi d'Austrasie puis roi des Francs, puis sous Dagobert II, roi des Francs. Adalric attend son premier enfant, il espère un fils, mais sa femme Bereswinde accouche, probablement à Obernai autour de l'an 660 ou 662, d'une fille et qu'elle s'appellerions Odile. Ainsi débute l'histoire (et les légendes) du Mont Sainte-Odile. Odile de Hohenbourg décède en l'an 720 à l'âge de 60 ans dans son abbaye.



Le bâtiment Saint-Léon, porte d'entrée du couvent.



Petite mise au point : Contrairement à ce que l'on peut lire ici ou là, le nom d'Altitona n'a pas été donné par les Celtes ni les Romains, mais a été inventé dans la première moitié du XIIè siècle par un moine de l'abbaye d'Ebersmunster.
Source : Treize siècles d'histoire au mont Sainte-Odile, de Marie-Thérèse Fischer. Éditions du Signe.





L'histoire des bâtiments de l'abbaye n'est qu'une suite de reconstructions, de destructions et d'abandons, qui s'échelonnent au fil des siècles. Hormis le mur païen qui existait probablement déjà au temps d'Adalric, il ne reste rien de l'époque où vécut Odile. Les nombreuses destructions et incendies qui ont ravagé la montagne, ont eu raison des trois premiers bâtiments qui furent édifiés en son temps, l'église, la chapelle Saint-Jean-Baptiste et la chapelle Saint-Pierre.



Le bâtiment d'entrée, aussi appelé Saint-Léon, a été construit entre 1734 et 1738 dans le but de servir d'hôtellerie pour les pèlerins. Passé le portail, on débouche d'abord sur un vaste espace, c'est la place des Tilleuls.



À gauche, les bâtiments de l'aile Est datent de 1683. Ceux des ailes Nord et Ouest date du début XVIIIe siècle (1704) et restaurés au XXe siècle. En 1924 ont été rajouté le clocher, la tourelle d'escalier et la statue de Sainte-Odile.



Ci-contre telle que se présentait l'abbaye au XVIIIe siècle. D'après une estampe de Jean-Martin Weiss fils.

La fondation de l'église remonte au VIIIe siècle. Elle a été reconstruite aux XIe et XIIe siècles, restaurée au XVe, reconstruite au XVIIe (de 1687 à 1696 après un incendie) et XVIIIe siècle. La façade Ouest date de 1719. L'église a été consacrée par le pape alsacien Léon IX autour de l'an 1050.



À côté de l'église, une porte donne accès à la cour du Cloître. De forme carrée, cette espace fermé permettait aux moniales de s'écarter des pèlerins qui étaient apparemment nombreux, pour se concentrer sur la présence de Dieu et de méditer. Au centre, veille une statue de Sainte-Odile et sur le côté, un puits ouvert sur le ciel.





Une autre porte s'ouvre sur un couloir qui donne accès à la Chapelle de la Croix avec sa colonne centrale et ses sculptures romanes et à la Chapelle Sainte-Odile. C'est dans cette dernière que se trouve le sarcophage comprenant ses reliques. C'est la partie la plus ancienne du couvent, elle date du XIIe siècle.





On reprend le chemin inverse et traversons à nouveau le jardin du cloître. En sortant, il suffit de contourner l'église, passer au pied de la tourrelle surmontée de la statue de Saint-Odile, en longeant le rebord de la falaise pour déboucher sur les terrasses, où se trouvaient jadis les jardins du couvent.





Le cadran solaire a été réalisé vers 1760 par des moines de l'abbaye de Neubourg, près de Haguenau. Taillé entièrement dans le grès, il comporte 24 cadrans solaires donnant l'heure en différents endroits du globe.



Mis à l'abri dans le jardin d'un presbytère du Kochersberg à la Révolution, il est transféré à la Robertsau à l'Institut Saint-Thomas. Enfin, en 1935 il est installé définitivement sur les terrasses du mont Sainte-Odile. Le cadran solaire indique sur ses différentes faces, les heures de villes et pays du monde dont : Paris, Madrid, Vienne, Canterbury, Constantinople, Alexandrie, Ninive, Jérusalem, Antioche. Le Mexique, l'Inde, le Japon, le Congo, l'Egypte, l'Ethiopie, etc...



Les constructions que nous voyons de nos jours datent, pour les plus anciens, de la deuxième moitié du XIIe siècle ; la chapelle des Anges aussi appelée chapelle Pendante et la chapelle des Larmes. Cette dernière, également appelée chapelle de l'Eau, a été érigée sur un ancien cimetière mérovingien taillé dans la roche.





À cette époque, l'abbaye était dirigée par les abbesses Relinde puis Herrade, dite de Landsberg qui rédigea son célèbre Hortus deliciarum entre 1169 et 1175. Les chapelles ont été restaurées aux XVIIe et au XIXe siècles.



La chapelle des Anges ou chapelle Pendante à gauche et la chapelle des Larmes ou chapelle de l'Eau vues depuis la terrasse.



Autour de la chapelle des Larmes, on compte une demi-douzaine de tombes taillées dans la roche et datées de l'époque mérovingienne. On trouve peu d'informations sur ces tombes, pour ne pas dire aucune. Pourtant, elles n'ont pas été creusées ici par hasard, à l'extrémité du plateau gréseux.





N'étant pas un spécialiste des us et coutumes du monde mérovingien, je me permets toutefois d'émettre l'hypothèse selon laquelle ces tombes pourraient être le lieu de sépulture des membres de la famille d'Adalric, mais avant que le château du duc, le burc, ne soit transformé en abbaye.



Avant de quitter la montagne, je me dirige en contrebas de l'abbaye, vers la source miraculeuse de Sainte-Odile. Elle se trouve sur le chemin qui mène vers l'ancienne abbaye de Niedermünster, située au fond du vallon.





Protégé par une grille métallique, un mince filet d'eau s'écoule toujours depuis une fissure au pied du rocher. Depuis la guérison d'un aveugle par Odile, la source est réputée comme pouvant guérir les problèmes oculaires. Quelques pièces de monnaie, jetées par des pèlerins, baignent au fond du bassin.



Voir aussi : Le mur païen du mont Sainte-Odile et la suite autour du mur païen.



Ma principale source est le livre de Marie-Thérèse Fischer (†2024), Treize siècles d'histoire au mont Sainte-Odile, qu'elle m'a aimablement dédicacée à l'occasion d'un salon du livre à Colmar.



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Le mont Sainte-Odile Le mont Sainte-Odile Reviewed by claude on 14:45 Rating: 5

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