Les meules du Scheibenberg

Une enceinte celtique sur les hauteurs de Rothbach

Au-dessus du village de Rothbach, sur les premiers contreforts des Vosges du Nord, se cache dans la forêt du Scheibenberg à 250 m d'altitude, un site fortifié datant probablement de la protohistoire, entre -2200 et -150 ans av. J.-C.



- Par moi-même - Publié le 01 octobre 2020 - Rothbach - Bas-Rhin
Mis à jour le 03 avril 2024




Le belvédère du Scheibenberg. C'est un point du vue d'où l'on ne voit rien, l'ouverture sur Rothbach étant totalement obstruée par les arbres.



Bien que le balisage du Club Vosgien local soit bien fourni (même un peu trop!), l'endroit n'est pas facile à dénicher. Et c'est par hasard, et en cherchant assidûment, que j'ai fini par trouver le bon sentier. C'est à croire que le site (des meules) est réservé aux initiés.



Quelques centaines de mètres avant de pénétrer dans l'enceinte du Scheibenberg, le sentier passe par ce rocher, curieusement coupé à angle droit, et au sol, un affleurement de pierres parfaitement alignées. Cet agencement ne semble pas avoir une origine naturelle.



La montée vers le Scheibenberg depuis le parking situé à l'entrée du vallon du Winbächel, ne présente aucune difficulté. Dès l'entrée dans la forêt, le sentier longe une ancienne carrière de grès (Rauscher ?). De nombreux bancs en parfait état jalonnent la montée. Mais une fois passé le rempart, on ne sait plus trop vers où se diriger. Au croisement des quatre sentiers, les indications manquent pour trouver les carrières, le belvédère et les meules dormantes.



L'enceinte protohistorique. Le sommet du Scheibenberg est traversé par une enceinte en pierres sèches de 150 m de long, et de 2 m de large.



Il est indispensable de se munir d'une carte de randonnée récente, pour éviter de perdre un temps précieux à chercher son chemin.



En suivant mon instinct et un sentier au hasard, j'arrive au-dessus des carrières. Elles se trouvent en contrebas, à gauche de la table de pique-nique. Les meules dormantes quant à elles se cachent à droite de la dite table, cachées par le rocher, mais ça je ne le sais pas encore.



C'est sur une bonne centaine de mètres de long, que la haute falaise a été entamée pour en extraire la précieuse roche rose. Un panneau circulaire indique "Anciennes Carrières Alt 250 m", mais quelques informations supplémentaires seraient la bienvenue.



Le site n'a probablement jamais été fouillé, du moins c'est mon impression, au vu du peu d'informations que j'ai réussi à glaner ici ou là. Quand ont été exploitées les carrières, l'enceinte et les meules sont elles contemporaines des carrières ? Autant de questions dont je n'ai pas trouvé de réponse.



Les meules dormantes. La première des trois meules à bras que j'ai trouvé. Probablement de type celtique, elles sont formées de deux meules massives, l'une fixe ou dormante, l'autre tournante actionnée par le bras.



La seconde meule se trouve un peu plus loin, sur le rebord de la falaise.



Sous cette avancée rocheuse se trouve la troisième meule.



Sur de petites plaquettes apposées sur les rochers, on peut lire "Pierre à cupule". Or les cupules, contrairement à ces trois meules, sont des cuvettes d'origines tout à fait naturelles. De formes hémisphériques, elles se forment par la dissolution du carbonate de calcium, présent dans le grès, au contact de l'eau.



Les meules en pierre ont été utilisés dès les débuts de l'agriculture pour moudre les céréales.



Quand des objets identifiés volent dans les airs.


Le premier dimanche après Mardi gras, se perpétue dans certains villages du piémont des Vosges, la tradition du "Schieweschlawe", le lancer de disques enflammés. Cette pratique devait chasser les démons de l'hiver et favoriser le retour du printemps.
Grâce à une tige de bois souple de noisetier ou de châtaignier, des disques en bois de hêtre sont retirés des flammes d'un bûcher. Après plusieurs moulinets dans les airs, les disques sont frappés sur une pierre qui fait office de tremplin. Symbolisant la course du soleil, le disque, dans une nuée d'étincelles, s'élève dans la nuit sombre avant de plonger dans la vallée.

Les origines du Schieweschlawe remonteraient au temps de Charlemagne, mais il est probable que le lancé de disques enflammés nous vienne d'un culte solaire pratiqué dans le monde celtique.
Sur le Scheibenberg (la colline des disques) se pratiquait le lancer de disques enflammés jusqu'à la fin du XIXe siècle. Cette tradition se perpétue encore dans quelques villages dont Dieffenthal près de Sélestat.



Un peu plus loin, toujours sous la barre rocheuse, se trouve ce curieux rocher, travaillé et taillé en forme de cube. Mais pour quelle utilisation ?



Sur la paroi du fond de l'avancée rocheuse, on distingue des traces de débitage, et sur la droite, des dessins ou des figures géométriques, difficilement identifiables.



Sur une roche affleurante près du belvédère, cette curieuse gravure rupestre cachée sous la mousse et les aiguilles de pins.



Allez Hoplà, c'est tout pour aujourd'hui, salü bisàmme!




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Les meules du Scheibenberg Les meules du Scheibenberg Reviewed by claude on 06:35 Rating: 5

2 commentaires

  1. Peut être des traces de travail de soldats pour installer des pieces d'artillerie, comme sur le Biesenberg ? C'est le meme écartement. Le Rocher cube a pu servir de support aussi...

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  2. Comme indiqué dans l'article, je n'ai trouvé aucune documentation sur la période d'exploitation de cette carrière. Les informations que j'ai pu recueillir sont pratiquement nulles, le site n'ayant probablement jamais été fouillé.

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