Dans la forêt de Harskirchen
canal des houillères
Cette belle promenade d'une demi-journée (nous ne sommes pas seuls, ce matin, à nous promener sur la voie verte), longe le canal des houillères de la Sarre. Elle traverse ensuite la forêt de Harskirchen en direction du grand chêne. Le départ peut se faire depuis un petit parking près du pont qui enjambe le canal. Voir le plan en bas de page.
- Par Claude - Publié le 15 novembre 2021 - Harskirchen - Bas-Rhin
Temps de lecture : un certain temps
Mis à jour le 03 juillet 2024
Mais avant toute chose, la question du jour : pourquoi appelle-t-on cette région, située au Nord-ouest de l'Alsace, l'Alsace Bossue "S'Krumme Elsass" en alsacien ?
Au-delà des Basses-Vosges, au nord-ouest de Saverne, l'Alsace enjambe le seuil du plateau lorrain et occupe les deux rives de la rivière Sarre. C'est l'Alsace Bossue. Bossue, non parce que les contours de cette saillie dessinent une protubérance sur la carte de la province, mais simplement par allusion au bosselage du terrain, qui caractérise le paysage moutonné et verdoyant.
Source : Et voici toute l'Alsace, de Henry Riegert.
Le canal des houillères de la Sarre.
Plusieurs explications ont été avancées. Pour les uns, ce serait l'Alsace vallonnée ou bosselée. Pour d'autres, ce terme plutôt péjoratif, est employé pour désigner les habitants des cantons de Sarre-Union, La Petite-Pierre et Drulingen, qui ne seraient ni des Alsaciens, ni des Lorrains. Enfin, il y a ceux qui pensent qu'il s'agit d'une bosse rentrant en terre lorraine.
Une quatrième explication est également proposée. Pour des raisons confessionnelles, ce territoire protestant, intégré à la France en 1793, a été rattaché à l'Alsace, à dominante protestante.
La voie verte est marquée du logo "Terres d'Oh!".
C'est dans la grisaille et le froid, qui commence à se faire mordant, que débute notre promenade. Mais une fois de plus, c'est la magie de la nature aux couleurs uniques de l'automne qui l'emporte. Nous nous élançons donc le long du canal, en direction des fermes du Neuweyerhof, et son parc "Nature de cheval", malheureusement fermé en cette saison.
Le creusement du canal ne débuta qu'en 1862 pour une mise en service en 1866. Long de 76 km, il relit la Sarre près de Sarreguemine, au canal de la Marne au Rhin à Gondrexange.
Le chemin de halage, aménagé en véloroute, fait partie de l'EuroVelo 5 qui relie Canterbury en Angleterre à Brindisi en Italie, en passant par Strasbourg.
Rien ne bouge le long du canal endormi, le froid de la nuit l'a engourdi.
Au pont du Neuweyerhof, un extra de 2,5 km aller-retour, nous mène à l'écluse n°16 en passant devant le restaurant du même nom. Un héron, caché au milieu des roseaux, s'envole à notre approche. Un peu plus loin, dans l'herbe givrée, se dessinent les traces de passage de probables ragondins.
La maison éclusière n°16 à Altwiller.
De retour au pont du Neuweyerhof, le chemin, balisé du triangle rouge, s'enfonce dans la forêt. Une longue ligne droite, bordée d'arbres aux couleurs de l'automne et en partie dépouillés, part en direction du carrefour de l'Ancien Chêne Tordu.
Le long du chemin de randonnée qui conduit vers la forêt, deux ânes dans leurs enclos nous regardent passer. Une petite caresse sur le museau en passant et nous voilà repartis pour notre promenade automnale.
Une longue ligne droite nous mène au carrefour dit de l'Ancien Chêne Tordu.
Quelques mètres après le carrefour, se trouve une stèle. Celle-ci rappelle l'assassinat en 1843, d'un garde nommé Muller. Les informations étant assez succinctes, et pour satisfaire ma curiosité, j'ai consulté l'état-civil de la commune de Harskirchen. Pour l'année 1843, aucun garde nommé Muller ne figure dans le registre des décès.
La stèle du garde Muller assassiné pendant son service en 1843.
Poussant ma curiosité un peu plus loin, je me suis plongé dans le recensement de la population de 1841. J'ai relevé un garde champêtre nommé Jacques Beckert, un deuxième garde champêtre du nom de Nicolas Fuchs. Il y figure bien des Muller, ils sont tisserands, cultivateurs, journaliers, tonneliers ou encore cordonniers, mais pas de garde nommé Muller. C'est en quelque sorte la stèle du garde inconnu.
Louis XIV règne sur la France, quand une main anonyme plante ce chêne pédonculé en 1659 dans la forêt de Harskirchen. Aujourd'hui âgé de 362 ans, 33 mètres de haut et un tour de taille de 4,83 m, il ne figure nul part, il n'est pas classé parmis les arbres remarquables de France, et aucune légende ne lui fait allusion.
Après avoir admiré le chêne près de quatre fois centenaires, nous rebroussons chemin sur quelques centaines de mètres. Au carrefour du raccordement de la Table Ronde, nous partons sur la droite sur un chemin non balisé. Dissimulés par les hautes herbes, nous avançons avec difficultés dans les ornières où nos chaussures s'enfoncent dans une boue bien collante. C'est depuis longtemps que plus personne ne s'est aventuré par ici, hormis les nombreux cervidés dont les nombreuses traces sont imprimées dans la gadoue.
Le chemin abandonné s'enfonce dans la forêt.
Au milieu d'une forêt de résineux et de feuillus dépouillés, nous traversons une belle forêt de bouleaux, dont la blancheur tranche avec la futaie environnante. Le bouleau est une plante pionnière, c’est l’un des premiers arbres à s’installer sur les sols nus ou en friches.
Une forêt de bouleaux.
Encore une bonne centaine de mètres à parcourir pour retrouver la route, que nous longeons pour retourner à notre point de départ.
Une promenade de près de 7 km, aux quelles il faut rajouter les 2,5 km A/R pour l'écluse.
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