Les blockhaus du Bisenberg
Une sortie d'une demi-journée pour une petite balade de repérage du complexe fortifié du Biesenberg. Des rochers et du béton, tel pourrait être le résumé de cette promenade.
Après le coup de vent de la veille au soir et avant une fin de journée pluvieuse, nous avons profité d'une matinée plus ou moins ensoleillée mais fraîche, pour partir à la découverte des ouvrages bétonnés de la fameuse ligne Maginot.
- Claude - 23 février 2024 - Le Biesenberg Bitche - Moselle
Nous démarrons du parking de l'étang du Glasbronn, sur le sentier de découverte de la ligne Maginot. Cette ligne de fortifications traverse la réserve naturelle nationale des rochers et tourbières du Pays de Bitche.
Après être passés entre deux étangs tourbières bordés d'aulnes glutineux, de bouleaux pubescents et de pins sylvestres, nous passons près de l'ancienne maison forestière de Biesenberg. De là, le sentier, balisé du losange jaune et de la croix bleue, grimpe vers les hauteurs où se cachent les ouvrages de défense.
L'ancienne maison forestière de Biesenberg.
Au milieu d'une forêt de pins sylvestres, de hêtres et de chênes, le sentier s'élève allègrement, mais sans excès, vers le Biesenberg. De part et d'autre, vers l'aval comme vers l'amont, les pentes sont percées de rochers aux formes tourmentées.
Le sentier, tapissé de feuilles mortes, monte vers le Biesenberg.
Au premier croisement rencontré, nous partons vers la gauche en direction de la casemate Schoenblick (bellevue !), que nous devrions rejoindre en cinq minutes, plutôt dix.
Casemate légère d'artillerie pour deux canons de 75 mm.
Totalement intégré dans la végétation avec une signalétique très discrète, la vigilance est de mise pour ne pas passer à côté, ou plutôt au-dessus, de la casemate sans s'en rendre compte. À l'intérieur, seul l'emplacement des deux canons et des casiers à obus sont encore visibles.
Après la visite, nous revenons sur nos pas, et prenons la direction de l'autre casemate Schoenblick et des casemates Moosbachhalde, balisage triangle jaune. Moins de cent mètres du carrefour, se dresse un rocher solitaire. Au plus près, c'est en réalité un monticule surmonté de trois rochers comme des tours, c'est le PC du Bisenberg et du Glasbronn. Dans celui du milieu, une petite ouverture permet de s'y glisser.
Le poste de commandement camouflé sous un rocher.
Construite après la Première Guerre mondiale, la ligne Maginot, longue de 700 km, était censée nous protéger d'une troisième invasion prussienne. À l'instar du Limes érigé par les Romains, de la Grande Muraille de Chine ou encore du mur d'Hadrien, la ligne Maginot devait être un rempart infranchissable contre les hordes barbares. Comme chacun sait, il n'en fut rien.
La casemate d'infanterie 5 du Biesenberg.
Deux autres casemates se présentent un peu plus loin. La première à droite est la casemate d'infanterie 5. Sur le dessus, on trouve deux cloches GFM (Guetteur-Fusilier Mitrailleur) d'une épaisseur de 200 ou 300 mm selon le cas. À l'intérieur du blockhaus, il reste encore quelques éléments de l'époque.
Dans la nuit et le silence fantomatique du blockhaus, ma petite lampe de poche éclaire quelques vestiges rouillés. En dressant un peu l'oreille, j'entends encore l'écho des obus qui explosent et le crépitement des mitrailleuses qui tentent de repousser un ennemi invisible. Au-dessus de moi, c'est un éclat d'obus qui vient de percuter une cloche d'observation. Le bruit métallique se répercute dans tout le fortin.
En fait de bataille, ce sont les tirs d'entraînement du camp de Bitche, distant de quelques kilomètres à peine qui se répercutent dans la forêt. Le bruit métallique, c'est celui de ma femme en train de taper sur la cloche de guet à l'aide d'une branche.
Une bataille a bien eu lieu sur le Biesenberg le 22 juin 1940. Des militaires allemands, drapeau blanc en tête, demande la reddition du secteur. Mais le lieutenant qui le commande répond "Nein", il n'en est pas question. Les parlementaires allemands regagnent leurs lignes. Peu de temps après ils lancent l'assaut. La bataille fait rage. Le fort d'artillerie du Grand Ohekirkel ouvre le feu sur les Allemands qui reculent abandonnant la partie. Malheureusement, le même jour est signé l'armistice dans la forêt de Compiègne et la France dépose les armes.
La deuxième casemate, appelée Biesenberg sommitale, a été construite sur deux niveaux et comporte des chambres de troupe, une chambre d'officier, un local PC et un central téléphonique. Elle n'est pas visitable, une lourde porte blindée en condamne l'entrée.
La casemate sommitale d'infanterie du Biesenberg.
Quelques dizaines de mètres plus loin, se dressent les murs gris d'une autre casemate d'infanterie, Biesenberg 4. Tous ces fortins, disséminés dans la nature, sont reliés entre eux par des tranchées de liaisons où étaient enterrés les câbles téléphoniques.
La casemate d'infanterie Biensenberg 4, avec sa tranchée de liaison.
Notre balade découverte nous dirige maintenant vers un autre bâtiment, mais fait de briques celui-là. À première vue, il fait penser à une maison forestière en ruine. Il s'agit en réalité du casernement du Biesenberg.
Les ruines du casernement du Biesenberg sommitale.
Midi approche lentement. Sur le chemin du retour, nous effectuons encore un petit crochet pour voir un dernier blockhaus. D'après la carte, celui-ci devrait se trouver au bout d'un chemin abandonné et non balisé. À défaut de blockhaus, c'est un rocher que nous découvrons, accroché au-dessus du vallon du Moosbach. L'érosion a creusé un petit abri soutenu par un pilier.
Le rocher domine le vallon du Moosbach.
Les quelques casemates du Biesenberg que nous avons visité, ne sont qu'une infime partie de l'ensemble fortifié de la colline. D'autres blockhaus, postes de commandement et casernement sont disséminés un peu partout dans les environs. Après cette première approche, une prochaine randonnée plus conséquente est prévue pour les prochains jours.
Sources :
La ligne Maginot
Wikimaginot
Chemins de mémoire
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