Hors des sentiers battus
dans les Vosges du Nord
Notre sortie du jour est exclusivement destinée à la découverte de quelques rochers peu connus autour de Baerenthal. Le village tire son nom, la vallée des ours, de la présence d'ours au moyen Âge.
- Claude - Publié le 07 mars 2024 - Baerenthal - Moselle
Les rochers du Rosselhof
À l'extrémité Sud du Rippertshalde à 261 m d'altitude, juste au-dessus du Rosselhof, un écart de Baerenthal qui était au XVIIe siècle un relais de diligence, se trouve trois rochers dont l'un en forme de table.
Renseignement pris, aucun chemin digne de ce nom ne mène sur la crête. Il faut donc gravir au hasard les pentes de la colline aux périls de ses habits. La montée vers les rochers est lente et difficile à travers une végétation basse mais dense, faite de hêtres et de pins sylvestres, entrecoupée de ronces aux longues tiges tentaculaires.
Enfin le sommet. Un ancien chemin apparaît encore bien visible et peu envahi par les mauvaises herbes, malgré la fréquentation quasiment nulle. Un brouillard assez dense limite mon champ de vision. Mais les rochers ne sont pas loin, peut-être à moins de cent mètres. Enfin, les blocs de grès se détachent de la brume. Le premier est un étonnant rocher table. Sous l'avancée, je distingue difficilement comme une gravure, un grafiti ou peut-être un polissoir fortement érodé, mais sans certitude.
Quelques mètres plus loin, c'est un rocher en forme de tour d'une demi-douzaine de mètres de haut environ. Il est formé d'un empilement de strates plus ou moins épais qui se sont déposés pendant des millions d'années. La prudence est de mise sur cette crête étroite. Le sol sablonneux et glissant ne me permet pas d'approcher du troisième rocher.
Le sommet de la colline qui surplombe l'étang de Baerenthal, baigne dans une atmosphère cotonneuse. Enveloppé d'un voile de brume, la vue depuis la hauteur y est malheureusement limité.
De retour vers le parking pour l'étape suivante, c'est une série d'entailles très marquées au pied d'un rocher, situé à gauche au bord de la rue du Rosselhof qui attire mon attention. Il s'avère que ce sont bien des polissoirs datant du néolithique et très bien conservé, malgré la proximité de la route et des habitations.
Le Lattenberg
Le rocher, à mi-chemin sur la D36 entre Baerenthal et Philippsbourg, se cache à quelques mètres seulement de la route. C'est une longue barre de grès qui se dissimule des regards au milieu d'une plantation de jeunes hêtres. Cerné de toute part par les arbres, il est impossible de prendre une photo de l'ensemble.
Le rocher, séparé par de larges fissures est traversé par plusieurs petites arches. Une partie de la face Nord de la barre rocheuse est recouverte d'une fine couche blanchâtre. Il ne semble pas qu'on y ait relevé des traces de polissoirs ou de graffitis.
Le Hohenfelsen, aussi appelé rocher Garibaldi
En face du Lattenberg, de l'autre côté de la route, se cache une autre falaise de grès, le Hohenfelsen. Pratiquement invisible depuis la route tout comme son voisin, le rocher, tout en discrétion est également connu sous le nom de Garibaldi. Malgré mes recherches, je n'ai pas trouvé d'explications à ce nom. A-t-il été baptisé ainsi en référence au révolutionnaire ou plutôt au compositeur ?
Sur le côté Sud de la barre de grès, se trouvent encore quelques vestiges de la Seconde Guerre mondiale, dont les restes d'un abri semi-enterré en tôle ondulée cintrée. À côté, un petit muret en béton armé muni d'une ouverture contre laquelle est posée un vieux cadre de vélo rouillé, totalement dépouillé de ses accessoires. Sur la paroi de grès elle-même, ce sont des impacts de balles, probablement d'une mitrailleuse, qui attirent l'attention.
Le Bellerstein
Petit à petit, le brouillard se lève et laisse la place à un soleil, presque printanier. La dernière étape du jour devait être les rochers de Bellerstein, mais c'est finalement sur un "Schlœsschen", un petit château, que nous sommes tombé sans le savoir.
Les chemins et sentiers indiqués sur les cartes ne se retrouvent pas toujours sur le terrain. Rares étant les informations que j'ai pu glaner ici ou là sur les roches de Bellerstein, nous sommes donc partis un peu au hasard des chemins. Car contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là, il n'existe aucune indication au niveau du hameau.
Le rocher du "Schlœsschen" que je pensais être les roches de Bellerstein.
Notre exploration a démarrée au hameau de Bellerstein, dont l'origine remonte à la première moitié du XVIIIe siècle, avec la construction d'une ferme et d'une scierie qui sera transformée par la suite en forge. Des trois ou quatre habitations qui composent aujourd'hui le hameau, seul la ferme de style alsacien date de cette époque.
Plusieurs possibilités se sont présentés, mais à chaque fois le chemin nous menait nulle part. C'est finalement à la troisième tentative que je distinguais entre les arbres encore dépouillés de leur feuillage, une barre rocheuse posée au sommet d'une crête.
Nous ne sommes que fin février, mais pour autant, je n'ai pas poussé ma curiosité plus avant, le rocher ayant été déclaré tout récemment zone de nidification du faucon pèlerin. De retour à la maison, c'est en feuilletant le gros livre des "Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace" de Nicolas Mengus et Jean-Michel Rudrauf, que je me suis rendu compte que le rocher n'était pas le Bellerstein, mais le rocher du "Schlœsschen".
Pour en savoir un peu plus sur l'histoire du Pays de Bitche, rendez-vous sur le site de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Lorraine.
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Très intéressant !
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