De Saint-Fridolin à Saint-Martin

Une balade circulaire autour de Hellert

Le point de départ de cette belle randonnée ombragée se situe devant le restaurant à l'abandon "Le Beau Site", à la limite des deux villages mosellans de Hellert et de Haselbourg. De l'autre côté de la route, un chemin balisé du rectangle jaune-blanc-jaune s'enfonce de suite dans une forêt de feuillus et de sapins en direction de la chapelle Saint-Fridolin.
Et c'est partie pour une marche à l'ombre d'environ 14 km !

Le 07 août 2025 - Haselbourg/Hellert - Moselle
Texte & photos : Claude_H.

Partant vers l'aval, le sentier se faufile entre les arbres et de gros blocs de grès en direction de la vallée du Schacheneck. Bordé par une végétation envahissante, le sentier peu à peu se rétrécit. Encore quelques marches à descendre et nous voici déjà au fond du vallon. C'est là que se cachent les vestiges d'une ancienne chapelle consacrée à Saint-Fridolin, moine évangélisateur venu d'Irlande au VI^e siècle.

La chapelle est située près de la ferme du Schacheneck, à l'emplacement de l'ancien village de Fischbach détruit pendant la guerre de Trente Ans. En 1617, Fischbach fut vendu à un bourgeois de Strasbourg, Sébastien Schach, qui donna son nom actuel à la vallée, le Schacheneck. Les seuls éléments datables sont le départ d'une voûte d'ogives scellées à droite du chœur et datées du XIII^e ou du XIV^e siècle. Du premier édifice du Haut Moyen Age, il ne reste rien. La chapelle était vraisemblablement l'église du village de Fischbach.

Pour certains, le fond baptismal daterait des IX^e ou X^e siècle et serait l'un des plus anciens témoins chrétiens de la région. Pour d'autres, il ne remonterait pas au-delà du XI^e ou XII^e siècle. De nos jours encore, de nombreux baptêmes sont célébrés dans la chapelle. Le dernier en date que j'ai relevé sur le mur est celui d'une Nina, baptisée le 30 avril 2023.

À gauche de la chapelle, un escalier donne sur une petite route forestière en contrebas, au nom de rue Saint-Fridolin. En face, un autre sentier prend le relais, toujours balisé du rectangle jaune-blanc-jaune. De suite à droite se cache la source miraculeuse Saint-Fridolin qui posséderait, paraît-il, des propriétés médicinales. Elle soignerait les maux de gorge, les maladies des yeux, de la peau ainsi que la gale. J'ai frictionné mon épaule avec cette eau bien fraîche pour me soulager d'une tendinite, j'attends le miracle !

Nous poursuivons notre randonnée en direction de la maison forestière du Kreutzkopf ou Garrebourg. Le sentier jusqu'à la source était sans difficulté. Il repart cette fois-ci vers l'amont mais sans dénivelé excessif.

Le sentier boisé à flanc du Kreutzkopf se rétrécit peu à peu. La plus grande partie de cette randonnée peu fréquentée se déroule sous couvert forestier, l'idéal pour une sortie durant les chauds mois d'été.

Un petit raidillon nous fait déboucher sur un vaste espace dégagé. Cette large saignée, qui gravie les monts et traverse les forêts, a été taillée pour laisser le passage à une ligne à très haute tension. Elle relie le poste électrique de Bergholz près de Sarraltroff en Moselle jusqu'au poste électrique de Marlenheim dans le Bas-Rhin.

Nous reprenons notre chemin qui s'enfonce à nouveau sous le couvert forestier, en direction de la M.F. du Kreutzkopf, nommée ici M.F. de Garrebourg. Au bout de quelques centaines de mètres, nous en apercevons déjà la toiture aux tuiles rouges. À l'ombre d'un bosquet, une table de pique-nique en relativement bon état nous accueille pour une pause casse-croûte.

Dissimulé dans le clair-obscur du sous-bois, un "homme de paille" nous observe. Au sortir de la forêt, à proximité de la maison forestière, vue sur Garrebourg et au loin le plat pays mosellan.

Après cette pause bienfaisante, nous prenons la direction de la grotte des Francs-Tireurs et de la M.F. Kempel en suivant le balisage au disque rouge et au rectangle rouge-blanc-rouge. À la première bifurcation, nous prenons le chemin de droite, où vient se rajouter l'itinéraire vers le Dabo.

On s'engage sur la route forestière de Brunnenmatt. Nous marchons à la limite des régions de l'Alsace et de la Lorraine. Jusqu'à la Révolution, les terres de plusieurs seigneurs laïcs ou ecclésiastiques, dont celui de l'abbaye de Marmoutier, de l'abbaye d'Andlau, du prieuré de Saint-Quirin, et du comté de Dabo se rencontraient dans les environs. De nombreuses bornes armoriées en attestent et sont encore visibles le long des sentiers et des chemins que nous empruntons.

Au-dessus du chemin et légèrement en retrait, se cache un gros rocher creusé d'une belle cupule. D'autres témoins d'un passé plus récent sont également visibles, dont l'ancienne carrière de pierres à meules de l'entreprise Essig frères de Saverne.

Au croisement suivant, nous prenons la direction de la grotte des Francs-Tireurs par le triangle bleu. Le rocher se situe à moins d'une centaine de mètres plus loin, en contrebas du chemin. Lors d'une précédente randonnée au Kuhbergkopf en mars 2021, nous avions déjà parcouru cette partie du circuit mais l'autre sens, depuis la M.F. Kempel jusqu'à la grotte des Francs-Tireurs.

Après le Kelchfels, un sentier non balisé s'engage sur la droite au milieu des fougères et des troncs d'arbres tourmentés. De suite, nous passons devant un rocher en forme de table puis nous débouchons au sommet du Pfannenfels d'où s'ouvre une vue à 160° sur la forêt du Nusskopf. Vers le sud, entre les branches des pins, on distingue le rocher de Dabo surmonté de la chapelle dédiée au pape Léon IX, né Brunon d'Eguisheim-Dagsbourg et dont, entre parenthèse, on ne sait toujours pas s'il était Alsacien ou Lorrain !

Un promontoire sur la barre de grès du Pfannenfels.

En poursuivant sur le sentier, un étroit passage de quelques dizaines de centimètres, enserré entre deux blocs de grès, donne accès au sommet d'un autre point de vue en direction du rocher du Dabo. Revenant sur nos pas, on s'engage dans un étroit goulet un peu glissant qui plonge au pied de la falaise du Pfannenfels.

C'est au milieu des fougères et des hautes herbes, où nous guettent certainement quelques tiques, que nous prenons la direction de la M. F. Kempel. Le sentier disparaît presque entièrement sous la végétation. Un peu plus loin, nous retrouvons le balisage triangle bleu et rectangle rouge-blanc-rouge.

Au croisement de la M.F. Kempel nous traversons la route forestière et prenons la direction de la borne Saint-Martin, toujours marquée du rectangle rouge-blanc-rouge. Le sentier prend de la hauteur mais avec un faible dénivelé.

L'après-midi est déjà bien engagé. Malgré le chaud soleil de ce mois d'août, nous marchons dans une agréable fraîcheur à l'ombre des sapins.

Et nous voici déjà à la borne Saint-Martin, au pied du Kuhbergkopf. Nous sommes à la limite des communes de Dabo et de Haselbourg en Moselle, de Haegen dans le Bas-Rhin et en limite de la forêt de l'abbaye de Marmoutier. Saint-Martin fait référence au patron de l'abbaye. L'endroit est composé de trois blocs, dont deux de forme plus ou moins triangulaire. Dans le troisième sont gravées deux dates, 1750 et 1828.

Nous rejoignons la route forestière de la borne Saint-Martin. Juste en face se trouvent l'anneau bleu et le rectangle jaune du GR532. Ils vont nous guider jusqu'à notre point de départ. Chemin faisant, nous croisons encore d'autres bornes armoriées de l'abbaye d'Andlau et du comté de Dabo.

Le chemin du retour débouche en surplomb sur la route D98d qui relie La Hoube à Hellert. Nous passons encore sous la barre rocheuse du Nutzkopfelsen puis c'est Hellert que nous traversons sur toute sa longueur.

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