Le lac de la Maix
C'est un petit lac d'origine glaciaire, creusé lors des glaciations du quaternaire. Il se cache à 678 m d'altitude au milieu d'un écrin de verdure dans le massif du Donon, sur le territoire de la commune de Vexaincourt dans le département des Vosges.
D'environ 500 mètres de circonférence et de 13 mètres de profondeur, le lac de la Maix recèle bien des mystères.
- Le 2 juillet 2019 - Vexaincourt - Vosges
Texte & photos : Claude_H.
Publié le 03 janvier 2025, avec un peu de retard !
On y accède depuis le centre du village, en remontant la rue de la Chouette. Sortie des dernières habitations, elle se transforme en route forestière jusqu'au fond d'une vallée perdue.
Ici, loin de tout, c'est le calme absolu, c'est le silence de l'aube qui se remarque le plus. Encaissé dans le flanc de la montagne, la petite étendue d'eau dessine un cercle presque parfait, cernée par les hauts sapins noirs des Vosges.
Arrivé au bord du lac, quelques légendes affichées nous plongent tout de suite dans l'ambiance du site : Le diable déguisé en musicien, la vierge noire et les enfants morts-nés, le monstre du Loch Maix. D'autres légendes y sont encore attachées ; le trou du diable, le page et la châtelaine, la Vierge de la Maix...
Sous la lumière changeante des rayons du soleil matinal, les eaux claires et transparentes du lac passent du bleu turquoise au vert émeraude. Une vraie invitation à la baignade (interdite !). Toutefois, en s'approchant du bord, on peut apercevoir sous sa surface limpide des ombres un peu inquiétantes qui révèlent quelques mystères non résolus.
Dès 1979, une équipe de plongeurs archéologiques lorrains au nom énigmatique de "G.R.A.A.L." (dont je n'ai plus trouvé de trace aujourd'hui), est intriguée par la présence de blocs de pierre et de pieux de bois mortaisés au fond du lac.
Une série de plongées a révélé la présence d'un fragment de bas-relief, des fragments de verre de l'époque gallo-romaine, une barque ou pirogue de près de 6 m de long et taillée dans un tronc d'arbre. La datation de la pirogue au carbone 14 donne une fourchette située entre 780 et 850 après J-C.
Un alignement de pieux, qui suggère la présence d'un ponton, a également été repéré dans le lac. D'après les anciens de Vexaincourt, le lac servait autrefois de lieu de convalescence pour les soldats allemands blessés lors de la Première Guerre mondiale.
Mais la découverte la plus énigmatique est celle qui pourrait être les dernières traces d'une maison lacustre, montée sur pilotis. Les vestiges de ce site archéologique subaquatique, remontant au bas Moyen Âge, se présentent sous la forme d'un tas de pierre, de moellons, de troncs aux extrémités mortaisées et ce qui semble être un plancher.
Un sentier ceinture le plan d'eau au milieu duquel s'ébattent quelques canards. Tout le long, d'énormes rochers et deux sources sont dispersés entre les arbres. Puis apparaît la chapelle d'un ancien ermitage. L'histoire de ce lieu remonte au XIe siècle, d'après Dom Calmet, abbé et historien de l'abbaye bénédictine de Senones.
Vers 1040, la chapelle est dédiée en l'honneur de la Trinité à Notre-Dame de la Mer. Mais ce n'est qu'au XVIe siècle que l'ermitage sort de l'ombre et de sa "solitude affreuse", comme l'écrit Dom Calmet. Au milieu du XVIIIe siècle, l'ermitage était composé de trois bâtiments et de terres cultivées.
Au début du XVIIIe siècle, la chapelle était considérée comme un sanctuaire à répit. Les enfants mort-nés ne pouvaient être inhumés en terre consacrée car non baptisés. Leurs âmes étaient vouées à errer dans les limbes jusqu'à la fin des temps, ce que les parents ne pouvaient accepter. Ils portaient alors le corps de leur enfant mort-né jusqu'à la chapelle de la Maix et le déposaient au pied de la statue de la Vierge.
Ils guettaient alors le moindre mouvement ou signe ; Coloration du visage, un souffle ou un bruit provenant du petit corps... Si tel était le cas, un répit était accordé à l'enfant. Il est alors baptisé à la hâte par un prêtre compatissant, puis mourait à nouveau. Il pouvait ensuite être enterré dans un cimetière, parfois dans la crypte sous la chapelle.
Un peu plus haut je parlais de silence, de sérénité, de calme absolu... C'était aller un peu vite en besogne. Caché par les sapins, le bruit d'une machine infernale se mit à rugir, crachant une épaisse fumée noire et malodorante. Serait-ce le monstre du Loch qui nous avons réveillés ? Que nenni !
C'était un bulldozer, en train d'élargir un chemin ou d'ouvrir une large saignée, afin de permettre aux engins forestiers d'accéder aux parcelles pour couper puis évacuer les énormes grumes.
C'est ainsi que se termina, dans la fureur et la fumée, notre belle petite balade à la découverte du lac de la Maix.
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