Du Wettstein à la Pierre Tremblante

Une randonnée en pays Welche

Après plusieurs randonnées et promenades dans les Vosges du Nord, nous voici de retour dans le parc naturel des Ballons des Vosges. Et plus exactement au-dessus du val d'Orbey, pour une randonnée de 14 km formant un triangle, dont les trois sommets sont le col du Wettstein et sa Nécropole Nationale, le Baerenstall avec son cimetière militaire allemand et le troisième sommet étant la Pierre Tremblante sur les hauteurs d'Orbey.



- Par moi-même - Publié le 19 mars 2024 - Soultzeren/Orbey - Haut-Rhin
Mis à jour le 05 avril 2024




Du parking du Wettstein, situé un peu à l'écart de la Nécropole Nationale, nous montons par un chemin rocailleux en direction de la ferme-auberge du Glasborn. Illuminée par l'astre du jour, nous traversons une vieille et belle forêt de sapins aux troncs et aux branches recouverts de lichen argenté. Au sol, c'est un magnifique tapis de mousse bien vert qui reflète les rayons obliques d'un soleil encore matinal.



Le chemin vers la ferme-auberge traverse une forêt enchantée.



Puis c'est une vaste chaume qui s'ouvre devant nous. Sur notre droite, de l'autre côté de la vallée de la Fecht, c'est la ligne de crête qui se dessine. Pour cette mi-mars, seules quelques rares et bien modestes plaques de neige recouvrent le sommet du Hohneck, qui culmine pourtant à 1363 m d'altitude. Sur sa gauche, le sommet arrondi du Petit Hohneck et à droite le couloir du Falimont au pied de la Martinswand.



La ferme-auberge du Glasborn face au Hohneck.



En ce mois de mars, la chaume est déserte, les belles vosgiennes ne sont pas encore de retour. Volets clos et parking vide, la ferme-auberge du Glasborn est toujours plongée dans son long sommeil hivernal. Mais bientôt, avec le retour de la belle saison et cela ne saurait tarder, la vie reprendra son cours après les tourments de l'hiver. Oublié le froid, la neige et l'austère vent du nord.



Le printemps s'avance à grands pas et sur les hauteurs souffle déjà l'esprit des beaux jours et des grands espaces. La nature émerge doucement de sa longue et profonde léthargie.



Un rocher monument érigé à la mémoire du temps qui passe.



La nature aussi a ses monuments que l'érosion a façonnés au fil des millénaires. Sur celui-ci il n'y a pas de noms ni de dates, mais il porte en lui la longue histoire de la naissance des montagnes vosgiennes.



Nous abordons à nouveau la forêt. À la lisière dite "la Courtine", nous croisons le circuit historique du Linge, un lieu de mémoire de la guerre 1914/1918. Les Allemands (bavarois) y avaient installé un formidable dispositif de défense. Ici durant l'été 1915, les vagues d'assaut des chasseurs alpins français "les Diables Bleus*" se sont heurtés aux lignes allemandes pour reconquérir le Baerenkopf et le Schratzmaennele.



La légende du Schratzmaennele
On dit à Hohrod que cette crête est habitée par un lutin solitaire. Celui-ci jouait des tours aux marcaires lors de leurs estives sur les chaumes. Il venait s'asseoir sur la poitrine des gens endormis afin de les gêner pendant leur sommeil et de leur provoquer des cauchemars.
Maintes stratégies furent développées afin d'échapper à ses tourments ; une étoile à cinq branches gravée sur le seuil des portes, une gousse d'ail écrasée à l'entrée de la chambre, mais rien ne l'arrêtait.

On raconte qu'une fois la paix revenue, notre Schratzmaennele passa de longues nuits à pleurer et à gémir parmi les trous d'obus et les tranchées. Il ne reconnaissait plus son pays, sa forêt et ses hauts pâturages.






En suivant le balisage du rectangle bleu, nous contournons le Schratzmaennele par le Sud, pour nous diriger vers le Baerenstall. Les traces de ces combats meurtriers ne sont presque plus visibles. La nature a repris ses droits et les pins sylvestres dominent à nouveau la crête. Au sol, la flore a recolonisé le terrain labouré par les obus.



Le carrefour du Baerenstall se dessine au bas du chemin à travers les arbres. De l'autre côté de la route, se trouve le cimetière militaire du Hohrodberg, ou son enterrés 2460 soldats allemands. L'entretien du cimetière est assuré par le Volksbund, une organisation humanitaire chargée par le gouvernement allemand de rechercher, d'exhumer et d'inhumer dans la dignité les victimes de guerre allemandes.



Le cimetière militaire allemand du Baerenstall.



On quitte le carrefour par un chemin en légère montée, à gauche du cimetière (GR 531 rectangle bleu) en direction d'Orbey. La forêt aux reflets argentés baigne dans une atmosphère un peu irréelle. Au sol, un magnifique tapis de velours vert ondule au gré des pierres et du bois mort. La mousse arrondit les arêtes trop vives et courbe les lignes trop droites.



Dans la forêt d'Orbey.



À hauteur d'un panneau solitaire affichant fièrement "Uhrhànawasla", notre itinéraire part sur la gauche pour s'engager sur un chemin totalement défoncé. Les énormes engins forestiers l'ont labouré en largeur comme en profondeur et le sol, gorgé d'eau, s'est transformé en un véritable bourbier. Il en est ainsi sur quelques centaines de mètres jusqu'à la route départementale D11.6. Par la droite, nous la suivont sur 250 mètres environ sur un sentier en léger surplomb.



De l'autre côté de la route, le chemin s'enfonce à nouveau dans une forêt d'épicéas. Au bout d'une longue ligne droite, ornée de quelques arbustes de houx aux baies rouge vif, apparaît un premier chaos rocheux.





Nous débouchons au-dessus du carrefour Ferreboeuf, aménagé en aire de pique-nique avec quelques bancs. Encore trois minutes de marche d'après le panneau directionnel et voici les Pierres Tremblantes. Les gros blocs de grès sont disséminés sur le Rain des Chênes**. Sur certains d'entre eux, l'érosion a creusé quelques belles cupules ou bassins, d'origines tout à fait naturelles.



Des rochers qui bougent, qui tremblent, qui vibrent. Il y en a même qui disent qu'ils en ont vu voler !



Le temps d'admirer les œuvres de la nature et l'heure de rebrousser chemin est déjà là. En laissant derrière nous le GR 531, nous repartons donc vers l'aval sur un petit sentier bordé de myrtilliers, en direction des Basses Huttes. Au premier croisement rencontré, nous abandonnons le balisage bleu-blanc-bleu pour suivre l'anneau jaune, en direction de la source Catherine puis de la source La Madelon.



Un sentier au milieu des myrtilles. La source La Madelon protégée par un petit toit.



La dernière étape de notre randonnée nous mène à la nécropole nationale du Wettstein où s'achève notre boucle en pays Welche.
Le cimetière regroupe les dépouilles de 3 535 militaires Français, morts lors des combats du Lingekopf, du Barenkopf, du Schartzmännele et de la vallée de la Fecht, durant les mois d'avril et de juin 1915.



La nécropole nationale du Col du Wettstein.




Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Vous pouvez éteindre votre ordinateur et reprendre une activité normale.



* Le mémorial du Linge. Le Musée et son champ de bataille.
** Histoire du pays Welche, un glossaire du parler Welche.




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Du Wettstein à la Pierre Tremblante Du Wettstein à la Pierre Tremblante Reviewed by claude on 16:27 Rating: 5

1 commentaire

  1. Très belles photos, et beau reportage, le printemps est là, youpi!

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