Le Champ du Feu
au fond des vallées
Septembre, l'automne est déjà à nos portes, les derniers touristes et vacanciers sont partis. Le silence règne à nouveau sur la montagne et la nature a retrouvé son calme. Les arbres et les bosquets imperceptiblement commence à se parer des teintes automnales. Et même si du fond des vallées monte un voile de brume, il restera encore quelques belles journées pour parcourir la montagne.
Les parkings sont vides, les chemins désertés. Je vous propose donc une petite balade découverte en image, avant que le site, je le crains, ne soit bientôt défiguré si un projet de réaménagement arrive à son terme.
Mes balades au Champ du Feu et alentours
Entte Belmont et Le Hohwald - Bas-Rhin
Publié le 09 septembre 2024
Texte & photos : Claude_H.
Je venais souvent m'y promener, hors période touristique bien sûr, quand j'habitais du côté de Rosheim. Mes saisons de prédilection étaient l'automne et le début de l'hiver quand tombent les premières neiges.
Un vaste paysage de prairies, de landes...
Au Nord, se dessinent les courbes caractéristiques du massif du Donon. Vers l'Ouest, le Climont, source de plusieurs rivières, dont la Bruche, et reconnaissable de loin par sa forme trapézoïdale.
Une fois de plus, une aberration (écologique) a germé dans l'esprit tortueux de quelques-uns de nos dirigeants régionaux. Réaménager le massif du Champ du Feu, avec la réalisation d'un stade de biathlon (entre autre), pour un coût (provisoire) estimé à quatre millions d'euros. Le tout pour 28 pauvres licenciés de cette discipline dans le Bas-Rhin.
Voir l'article d'Alsace Nature sur la préservation du site du Champ du Feu
*Pour rappel, le biathlon est un sport d'hiver qui se compose du ski de fond et du tir.
...de chaumes et de tourbières
La chaume du Champ du Feu, que se partagent deux communes, culmine à 1099 mètres d'altitude. Station de ski en hiver, envahi par les citadins à la recherche d'un peu de fraîcheur en été, le site ne retrouve calme et tranquillité qu'au printemps et en automne.
De l'origine du nom
C'est à la fin du XIVe siècle que l'on trouve la première mention du nom donné à la montagne, le "Hochfeld".
Le nom de "Champ du Feu", qui n'a rien à voir avec un feu quelconque, est l'aboutissement d'une succession de transformations et de traductions du nom d'origine de "Hochfeld", le champ du haut, en fonction des dialectes et des patois parlés dans la région. Au fil des siècles, le nom se transforme en "Champ de Faîte" qui devient "Champ do Fé" en patois vosgien et "Vehfeld" le champ du bétail en alsacien. Mais seul le "Champ do Fé" sera retenu pour devenir notre Champ du Feu actuel.
De l'inutilité de l'art pour embellir une nature qui se suffit à elle-même
L'automne couleur de bronze
Mi-octobre, les jours raccourcissent et les premières gelées ont figé la nature. L'air est rugueux et cru, le silence est partout. À l'approche de l'aube, par les petits matins glacés, la nuit s'obstine et s'attarde, raccourcissant d'autant la lumière du jour.
Un doux parfum d'humus, de feuilles mortes et d'humidité a envahi le sous-bois du Hochfeld. Véritable source de vie, le bois mort joue un rôle indispensable dans le cycle de vie de nombreux organismes. La magie de l'automne, une fois de plus, a transformé la nature. Le sentier se réduit à sa plus simple expression. On ne sait plus trop où on va, ni d'où on vient.
Tapis roux aux couleurs éternelles, les feuilles d'automne tombées du ciel, sur les chemins s'amoncellent.
Racines fantasmagoriques et troncs étrangement tordus du sous-bois, laissent la place à une forêt de hêtres majestueux. Là, sous le couvert forestier, l'emprise du froid se fait moins sentir.
Quand s'annonce l'hiver
Après de longues années de fermeture pour des raisons de sécurité et de vétusté, la tour, restaurée et inaugurée il y a peu, se dresse au point exact le plus élevé du Bas-Rhin, à 1099 m d'altitude.
En l'espace de quelques jours, le massif a revêtu son manteau d'hiver. Il est dix heures du matin, le jour tarde à se lever. Les premiers flocons tombent depuis peu, tandis qu'un vent glacial balaye la route. Je dois bien être le seul à circuler dans ce brouillard, entre la Rothlach et le Champ du Feu.
L'hiver silencieusement prend ses quartiers. La neige s'installe et continue inlassablement de tomber. La forêt et le sous-bois, encore verts il y a quelques jours à peine, sont d'une blancheur immaculée. Il règne un silence étrange, tout semble figé comme si le moment était suspendu, hors du temps.
Je gare ma voiture et pars marcher au milieu des sapins. Le silence est absolu, je n'entend que la neige qui crisse sous mes pas. Les branches des grands sapins s'affaissent sous le poids de la neige qui s'accumule.
Là, pour s'échapper un peu de leurs solitudes glacées, certains se penchent vers leurs voisins et chuchotent entre eux du passé et du présent, du soleil et du printemps à venir.
Le chemin, appelé de nos jours chemin des Bornes est en réalité une route très ancienne appelée "Strata" au XIe siècle. Venant du col de Steige, elle passait par Bellefosse, le col de la Charbonnière, le Champ du Feu, la Rothlach, la Breitmatt et le mont Sainte Odile.
Plus tard, elle prit le nom de "Hochstrasse" puis "route des Romains". Elle permettait aux marchands et aux pèlerins venant de Lorraine, de traverser le massif vosgien sans trop d'encombres.
Source : Les voies romaines du canton d'Obernai
Car en ces temps reculés, traverser les Vosges à pied ou en charrette n'était pas aussi simple que de nos jours. La montagne faisait peur. Les auteurs de ces époques décrivent l'horreur de ces lieux déserts et stériles, battus par les vents et la pluie. Ou des sentiers étroits et des précipices les plus profonds, font frissonner d'horreur. Sans parler de la peur permanente d'être attaqué et dévoré par les loups, les ours, les lynx, et autres bêtes sauvages.
Le printemps, le retour
Enfin, vers la fin mars, l'hiver relâche quelque peu son étreinte glaciale et la vague de froid semble passée. Jour après jour, la neige se retire tandis que la lande, cachée durant de longs mois se découvre à nouveau.
Perdu au milieu de la forêt, entre La Rothlach et le Champ du Feu, le rocher de Rathsamhausen n'a rien de particulier. Il fait partie d'une bande rocheuse qui traverse le massif du Champ du Feu, entre Belmont et Saint-Nabor. Le rocher était utilisé comme borne-frontière entre les limites de la forêt de la ville d'Obernai et les terres des seigneurs de la Roche, autrement dit les Rathsamhausen zum Stein.
Entre le chalet du ski club vosgien et le chalet de l'office de tourisme du champ du feu, un sentier balisé d'un anneau et d'un triangle jaune, part vers l'aval, en direction de la cascade de la Serva. Le ruisseau prend sa source dans les tourbières du Champ du Feu, à 1000 m d'altitude.
La légende
Une fée, à la longue chevelure verte et soyeuse comme les herbes qui poussent le long du ruisseau et vêtue d'une robe argentée, tissée dans les écailles de poisson, vivrait dans les eaux cristallines de la Serva. Mais gare à ceux qui ne respectent pas la nature, sa colère ne tarderait pas à se manifester. Un vent violent, venu du Nord, rugira alors dans les vallées et sur les sommets de la montagne.
Un autre sentier, depuis le parking situé en face du chalet du ski club vosgien, s'enfonce dans la forêt. Là, dans la pénombre, se dresse le rocher d'une mystérieuse princesse Emma. Qui était-elle, d'où venait-elle ? Le mystère est entier.
Encore un peu plus loin, c'est un autre rocher solitaire, du nom d'Edelweiss, qui se dessine au bord du chemin. Lui non plus n'a rien de bien particulier. Si ce n'est que vers la fin du XIXè siècle, l'endroit avait été choisi pour tenter d'y faire pousser la petite fleur emblématique des Alpes. Il va sans dire que l'essai tourna court.
D'autres photos de mes randonnées sont à voir dans la galerie
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