Le vallon de la Bildmühle
par Claude Heitz | Un hameau fantôme | 13 janvier 2021
Ce matin le froid est prenant, et quelques centimètres de neige recouvrent les environs de Lemberg dans les Vosges du Nord. Le but de ma sortie du jour, ou plutôt du matin, est la cascade des Ondines, en remontant le vallon de la Bildmühle, "le moulin à l'image". L'endroit est peu fréquenté, seul de nombreuses traces de passage d'animaux sont imprimées dans la neige; chevreuils, écureuils, sangliers et d'autres que je n'arrive pas à identifier.
Il y a une dizaine d'années, plusieurs étangs de pêche qui jalonnaient la Bildmühle ont été supprimés, afin de restauré le ruisseau et de rendre le vallon à la nature.
Après une vingtaine de minutes de marche, le chemin débouche sur la Bildmuhle inférieure, une ancienne annexe du village de Lemberg. Le hameau, seulement constitué d'une demi-douzaine de maisons et d'un moulin, a été démoli en janvier 1945 lors de l'opération "Nordwind". Sur la droite, au-dessus d'une source, se dresse une borne sculptée représentant deux personnages d'apparences celtiques.
En face, un escalier descend dans ce qui était la cave du moulin. Sur la paroi rocheuse, on peut admirer la petite sculpture gallo-romaine du Ier ou du IIe siècle apr. J.C. et que l'on appelle la "Bildmuhle". Haute d'une quarantaine de centimètres, elle s'efface peu à peu sous l'effet de l'érosion.
Le renard apparaît juste en face de moi, comme sortie de nulle part. Il trottine dans la neige, sur un sentier parallèle au mien tout absorbé qu'il est à la recherche de nourriture. La truffe au ras du sol, il ne s'aperçoit pas de ma présence. Je n'ose plus bouger. Et comme s'est souvent le cas, je n'ai pas le bon objectif sur mon appareil photo. Tant pis, j'utilise donc mon 250 mm. Il contourne par le dessus les vestiges de la Bildmuhle et n'est plus qu'à quelques mètres de moi. Je vise, et clic, il détale aussitôt dans la direction opposée, sans demander son reste. Après quelques mètres sur les pentes du Heidenkoepfel, il s'arrête, se retourne, et me jette un dernier regard avant de disparaître dans la forêt.
Après cette rencontre inattendue mais toujours aussi rare et magique, je continue ma petite promenade sur le sentier, qui débouche en quelques minutes à hauteur d'un second étang, au lieu-dit la Bildmuhle supérieure à 296 m d'altitude. Également pris dans les glaces, ce second étang, qui est une propriété privée, est nettement plus grand. L'endroit est aussi un croisement de sentiers balisés par le Club Vosgien.
De là, c'est un anneau bleu, qui en 20 minutes me guide au pied de la cascade des Ondines, le but de ma sortie. Malgré les pluies de cet automne et la neige de ces derniers jours, seuls quelques maigres filets d'eau s'écoulent de la cascade, et même pas gelés en plus. Je suis un peu déçu ! Quelques mètres plus haut se cache le lavoir du Wasserfelsen, qui se trouve être également la source de la Zinsel du Nord. Dans les années 60, son nom a été francisé en "cascade des Ondines", dénomination nettement plus romantique que Wasserfelsen.
Sur le chemin du retour, en contrebas, j'aperçois une petite cabane en bois qui se cache au milieu des sapins. On la croirait issue des contes et légendes d'autrefois.
Arrivé à nouveau à l'étang de la Bildmuhle supérieure, je ne peux m'empêcher d'en faire le tour, par simple curiosité. L'endroit respire le calme et la sérénité que rien ne vient perturber. Pas de papier gras ni de bouteille en plastique qui jonchent le sol.
De l'autre côté de l'étang, et légèrement en retrait, se cache dans un enchevêtrement de branches et de troncs renversés, un moignon de mur, les probables vestiges d'une bâtisse du hameau disparu de la Bildmmuhle. Un peu plus loin, c'est le châssis rouillé d'un wagonnet abandonné.
Avant de regagner ma voiture et pour finir cette petite sortie bien sympathique, je longe sur un sentier parallèle, la base des rochers sculptés qui surplombent le ruisseau de la Bildmmuhle.
Cette portion du sentier des rochers rejoint le chemin principal à hauteur de l'ancien lavoir Grébil du XVIIIe siècle.
Allez Hoplà, c'est tout pour aujourd'hui, salü bisàmme!
Les milieux que vous fréquentez durant vos randonnées sont fragiles. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Emportez toujours vos déchets. La nature vous en sera reconnaissante, et moi aussi!
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