Le château oublié du Loewenkopf

Kronenburg, ou les vestiges oubliés d'un des plus grands châteaux forts d'Alsace.

kronenbourg Cronenbourg, "Kroneburri" pour les connaisseurs, est un quartier situé à l'Ouest de Strasbourg. Il doit son nom au château de Kronenburg (le château de la couronne), qui était jadis implanté au-dessus du Kronthal dans l'actuelle commune de Marlenheim. Quelques rares vestiges du château sont encore visibles au sommet du site d'escalade du rocher du Loewenkopf (le rocher du lion), à 254 m d'altitude. Le site servait également de carrière de grès (Buntsandstein inférieur) pour la construction de la crypte romane de la cathédrale de Strasbourg.

L'accès

Le chemin qui partait de Wasselonne est inaccessible, en raison des travaux d'aménagement en cours de la D1004. Depuis le Kronthal, il faut remonter le chemin du Goldbuch. Celui-ci est uniquement accessible en venant de Marlenheim. Voir la carte

L'histoire du château

Un premier château, dominant le vallon de la Mossig, est mentionné autour des années 1170-1180. Mais c'est vers 1215, que le bailli Woelfelin de Haguenau fait ériger le château de Kronenburg pour le compte de Frédéric II, fraîchement élu empereur du Saint-Empire romain germanique. Le rôle de la forteresse était de surveiller l'étroit passage du Kronthal ainsi que la ville de Wasselonne que se disputaient l'empire et l'évêque de Strasbourg. En 1246, le château est détruit par les troupes de Henri de Stahleck. En 1369, il est entièrement démoli et ne sera jamais reconstruit. En 1700, il est utilisé comme carrière de pierres par les habitants de Willgottheim.
Le château a donné son nom à une porte de Strasbourg édifiée vers 1400, appelée "Kronenburger Thor" par les strasbourgeois et porte de Saverne par les non-strasbourgeois. À cette époque, il ne s'agissait que d'une simple tour d'observation. Elle se situait au croisement de la rue du Faubourg de Saverne et du Boulevard Wilson actuels. Elle a été démolie peu après 1870 et remplacée quelques années plus tard, par un nouveau système de défense.

À la recherche du château fantôme

Dans la forêt du Herrenwald.

Le but premier de cette petite sortie, était de partir à la recherche du château fort de Kronenbourg. Tombé dans l'oubli depuis des siècles, seuls de rares ouvrages grand public, dont le livre de Nicolas Mengus et Jean-Michel Rudrauf ; Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace, font mention de cette ruine, pourtant un des plus grands châteaux d'Alsace.
Les indications en ma possession sur la localisation du rocher du Loewenstein (il n'est pas mentionné sur les cartes), tous comme celle du château, étant assez flous pour ne pas dire nul, nous partons au hasard du bas de la ferme du Goldbuch vers l'aval, mais sans vraiment savoir où nous diriger. Après une centaine de mètres, nous croisons sur notre gauche un étroit sentier balisé du triangle jaune, qui s'enfonce dans la forêt du Herrenwald. Dans notre recherche de vestiges de château, nous croisons trois randonneurs, adeptes de la marche nordique.
Pourtant originaires de Marlenheim, ils n'ont aucune connaissance d'un château dans les environs. Ils nous indiquent néanmoins que le rocher du Loewenstein se situe de l'autre côté du Wackenthal, sur le versant Ouest de l'Altenberg. Nous revenons donc sur nos pas jusqu'au chemin du Goldbuch. Juste en face, un chemin bordé d'un mur de pierres sèches, s'enfonce dans un tunnel de verdure.

Depuis le chemin du Goldbuch, le chemin s'enfonce dans un tunel de verdure.

À la première bifurcation rencontrée, nous montons à droite par un premier escalier qui nous mène au pied du Loewenkopf. Il est suivi d'une série d'escaliers, parfois en métal, qui nous conduisent au sommet du rocher. L'ascension est agrémentée de deux ou trois belvédères qui s'ouvrent sur Wasselonne et d'où la vue porte au second plan sur le massif forestier de Saverne, avec l'Eichelkopf, le col du Valsberg reconnaissable par ses antennes, le Brotschberg, le Spillberg etc.

Vue sur Wasselonne et le massif forestier de Saverne.

Quelques pas plus loin, à l'ombre de la voûte des arbres, emprisonnés dans une broussaille inextricable, des tronçons de murs défaits, disjoints, qui s'écroulent de place en place. Ils apparaissent çà et là le long de l'étroit sentier qui se dirige vers le point culminant de l'Altenberg (267 m). D'autres vestiges se cacheraient au milieu de cette jungle impénétrable. Une exploration du site un peu plus poussé, peut-être en automne ou en hiver, permettrait sûrement de retrouver quelques traces significatives du château.

Des éléments du château ont été intégrés dans les murs de soutènement.

Du sommet de l'Altenberg, nous poursuivons cette promenade matinale et printanière en direction du Goldbuch, pour rejoindre notre point de départ. Le chemin longe des vergers et des prairies ou le foin, fraîchement coupé et roulé en bottes, attend d'être ramassé et transporté dans une grange. L'odeur de l'herbe coupée embaume l'air.