Un petit circuit autour de l'Arnsberg

À la découverte de l'Arnsberg hors des sentiers battus

Situé au cœur du Parc naturel régional des Vosges du Nord, le PNRVN pour les intimes, le village d'Obersteinbach est ce que l'on appelle un village rue. Comparé à sa taille, 918 ha pour 231 habitants, adossé au Nord à l'Allemagne et au Palatinat, cerné sur trois côtés par les ruisseaux du Schangenbach, du Steinbach et du Langenbach, Obersteinbach avec ses deux collines du Schlossberg et de l'Arnsberg, possède une concentration assez exceptionnelle de châteaux forts et de rochers remarquables. D'ailleurs, les ruines du château du Petit-Arnsberg et les rochers du Wachtfels et du Wolfsfels dominent le village.

Obersteinbach - Bas-Rhin - 23 juillet 2022

Au pied de la paroi du Wolfsfels.

Après les orages de la veille, le soleil encore timide, joue avec les derniers nuages. Bientôt la chaleur sera étouffante.
Partant de la rue de l'Arnsberg pour un circuit d'environ 6 km, nos pas nous mènent d'abord au pied du Wolfsfels. Le rocher, qui culmine à 320 m d'altitude et également un site d'escalade. Au pied du promontoire, nous croisons un autre circuit bien plus récent. Celui-ci décrit en 13 panneaux installés autour d'Obersteinbach, le fonctionnement d'une école de peinture pour jeunes femmes, créée entre 1896 et 1918 par un certain professeur Franz Hein.

Le sentier, balisé de l'anneau jaune, contourne le Schlossberg et grimpe vers l'amont, à l'ombre bienfaisante d'une jeune sapinière.

Arrivé au collet qui sépare le Schlossberg de l'Arnsberg, un panneau nous indique "Circuit des Jeunes Bois" sans autres précisions, ce qui me laisse un peu perplexe. Nous abandonnons le chemin balisé qui part en direction du Wachtfels et prenons à droite, le large chemin qui contourne l'Arnsberg. Sur notre droite, la pente raide plonge dans la vallée du Langenbach. À gauche, se dresse le versant oriental de l'Arnsberg où devrait se dissimuler sous les hauts sapins, l'arrête de grès, le but principal de notre promenade d'une demi-journée.

La crête de l'Arnsberg est une succession de rochers

Après un premier virage à angle droit, et nous voici à l'extrémité Nord de la montagne, au contact de la frontière allemande que nous longeons sur quelques mètres. En face, nos Vosges changent de nom pour devenir le Palatinat, "Die Pfaltz" en allemand. Mais le paysage lui ne change pas, il est toujours aussi vallonné, recouvert des mêmes arbres. Même le ciel ne change pas, toujours aussi bleu avec quelques nuages. Fixé à un arbre, un piège photo pour l'observation de la faune sauvage guette le passage d'éventuels prédateurs, lynx ou loups ! Une petite centaine de mètres plus loin sur notre gauche, un chemin abandonné, encombré de feuilles mortes et de branches, gravit les derniers mètres pour atteindre le sommet convoité de l'Arnsberg.

La matinée avance doucement. Petit à petit, les ombres se sont retirées. Des rayons du soleil percent le sous-bois qui s'illumine.

Voici la crête. Dissimulé sous le couvert d'un épais taillis, c'est une succession de rochers érodés qui se dressent sur l'arête. Ces rochers se sont formés il y a 250 millions d'années, à l'époque du trias inférieur. Des sables, provenant de l'actuelle région parisienne et issue du démantèlement de la chaîne varisque, sont déposés par des fleuves et des rivières en couches successives, à l'image d'un millefeuille géologique. Au fil des temps, l'érosion a fait son œuvre et a sculpté ces pitons de deux à quatre mètres de haut, tels que nous les voyons aujourd'hui.

C'est une succession de rochers érodés qui se dressent au sommet de l'Arnsberg.

Mais c'est dans un repli à la base d'un des rochers que se cache une surprise, un polissoir du néolithique vieux d'environ 6000 ans. C'est la période de la préhistoire où les groupes humains, jusqu'ici chasseurs-cueilleurs nomades, vont se sédentariser et devenir les premiers alsaciens agriculteurs-éleveurs, c'est l'âge de la pierre polie.

Un atelier de polissage au pied du rocher.

Les pierres utilisées pour réaliser ces outils, les plus emblématiques étant la hache et l'herminette, étaient de natures diverses. La technique du polissage était un travail long et fastidieux. Le fragment de pierre destiné à devenir hache, pointe ou flèche était d'abord dégrossi puis soumis à un long frottement sur un rocher résistant, aménagé à cet effet. La partie utilisée du rocher était légèrement enduite de sable très fin et maintenue constamment humide.

Les polissoirs de l'Arnsberg.

Dans les Vosges du Nord, d'autres rochers gardent encore le souvenir des hommes de la préhistoire dont Haspelschiedt-Roppeviller entre autres.

Nous reprenons notre balade en direction du Wachtfels. La boucle autour de l'Arnsberg nous fait repasser au collet, croisé un peu plus tôt dans la matinée. Nous retrouvons également l'anneau jaune qui nous guide jusqu'au rocher de l'arche.

L'arche du Wachtfels, à droite le rocher vu depuis Obersteinbach.

La fin de la matinée approche et la chaleur se fait plus oppressante. Dans un dernier effort, nous prenons la direction du Petit-Arnsberg que nous atteingnons en un rien de temps. Du château médiéval il ne reste plus que des murs en parties écroulés, fissurés. Véritable nid d'aigle, il domine depuis son piton de grès le village d'Obersteinbach.

Un escalier taillé à flanc de paroi, donne accès au sommet de la tour d’habitation.

L'accès au château passe par ce qui fut à l'origine un fossé, puis transformé en écuries lors d'un remaniement en 1494. À droite, un premier escalier métallique, prolongé par un second escalier taillé à même la roche. Celui-ci contourne le piton pour donner accès au sommet nid d'aigle. La vue s'ouvre sur Obersteinbach et toute la vallée du Steinbach.
De nombreuses traces sont toujours visibles dans ce petit château, dont l'origine et le constructeur sont inconnus. Trous de boulins, rigoles d'évacuations, citerne à filtration, chambres troglodytiques, etc.

Notre petite promenade matinale se termine ici. Il est midi passé et le soleil au zenith, nous accable de ses rayons brûlants.

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