Une sortie hivernale sur le Ringelsberg
Au-dessus d'Oberhaslach, entre le Nideck et le Breitberg, se dresse le Ringelsberg, une montagne toute en longueur. Bien que cette randonnée date de quelques années déjà, elle est toujours d'actualité.
Elle débute au parking des Pandours, puis prend la direction du carrefour des Anlagen.
Pour se rafraîchir un peu les idées en ces jours de grosses chaleurs, remontons le temps pour une petite balade sur les hauteurs.
Nous sommes à la mi-mars et une petite couche de neige recouvre encore les vallons ombragés et les versants Nord de la forêt de Haslach. Au carrefour, un panneau du C.V. indique Petit Ringelstein : 35 mn, Grand Ringelstein : 60 mn, balisage anneau bleu. Il y manque juste le Hohenstein pour compléter ce triptyque castral.
- Publié le 09 août 2024 - Le Ringelsberg - Oberhaslach - Bas-Rhin -
Temps de lecture : pas trop cours pas trop long
Claude_H.
Un étroit sentier s'engage sur la pente bien prononcée du Petit Ringelstein où les bûcherons ont récemment joué de la tronçonneuse. Les arbres malmenés par le vent où les hommes, semblaient les rescapés d'un désastre. Les stigmates de la bataille sont encore visibles. À moins que cela ne soit le fait d'une tempête, mais le résultat est le même, la forêt est dévasté.
Le sommet du Petit Ringelberg à 642 m d'altitude, est cerné par un muret en pierres sèches de forme ovale. On ne connaît rien sur son origine ni sur son histoire. Aucun document ne fait référence à une construction au sommet du Petit Ringelberg. Sur d'anciennes cartes de randonnée, il est mentionné comme étant des vestiges gallo-romains. Sur les cartes plus récentes, il est répertorié comme château du Petit Ringelstein.
Il pourrait s'agir d'une forme primitive de château, à l'instar du Koepfel sur les hauteurs d'Ottrott. Il mesure environ 60 m de long sur 20 m de large, pour une hauteur moyenne d'un mètre. Le côté Nord, par lequel on pénètre dans l'enceinte depuis le carrefour des Anlagen, aurait été protégé par un donjon, probablement en bois. À l'opposé, sur le côté Sud, se trouve l'entrée du fortin protégée par un fossé.
Un ultime coup d'œil sur ces vestiges d'un autre temps et je prends la direction d'une autre ruine. Le chemin suit la ligne de crête en direction du Sud. Dans les recoins ombragés, quelques plaques de neige résistent aux rayons du soleil.
Le sentier s'efface pour laissé la place à un escalier, taillé à travers un rocher. Quelques marches sont en réalité des pierres à bossages intégrés dans l'escalier. Au croisement suivant, le sentier part vers l'aval balisé du disque bleu. Celui-ci va me guider jusqu'aux vestiges du Hohenstein.
Me voici au pied du donjon, du moins ce qu'il en reste. Le château a été édifié entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle, soit par les Hohenstein soit par les Ochsenstein, ces derniers étant alors les avoués de l'abbaye de Haslach.
Le château est assiégé une première fois en 1251 par l'évêque de Strasbourg Henri III de Stahleck. En 1337, un différend oppose un autre évêque de Strasbourg, Berthold II de Bucheck à Rodolphe de Hohenstein. Ce dernier kidnappe l'évêque et l'enferme dans le château d'un complice, le château de Waldeck en Moselle. À sa libération l'année suivante, l'évêque se venge. Il assiège et rase le Hohenstein qui ne sera jamais reconstruit.
Par-ci, par-là, quelques vestiges de murs dépassent du sol. D'autres encore, encastrés dans le rocher, ne soutiennent plus grand chose. Un semblant d'escalier mène au sommet d'un promontoire, où se trouvait le logis dont il ne reste rien, si ce n'est un pan de mur soutenu par un arc cintré. Berthold n'a pas fait les choses à moitié, il n'a rien laissé debout !
Dans le prolongement du donjon totalement effondré, dont seul un moignon affaissé subsiste, un promontoire domine la vallée de la Hasel. Depuis le belvédère, l'horizon s'ouvre sur une vue circulaire avec au loin le Donon et le rocher de Mutzig. Vers la gauche, par-dessus la vallée de la Bruche et avec de bons yeux, on arrive à distinguer le Mémorial de la Déportation du Struthof.
Au pied du rocher, l'ancien restaurant "Hohenstein" devenu depuis 2020 "Les Jardins du Nideck".
Mais le temps passe vite, quand on contemple dans le silence et la solitude des hauteurs, les œuvres de la nature. Je laisse derrière moi ces quelques vestiges et reprends mon chemin.
Exposé aux rayons d'un soleil presque printanier, les dernières traces de neige ont fondu. Seul le versant Est de l'Eckkopf est encore recouvert d'une pellicule blanche.
Enfin, entre les branches dénudées des arbres, se dessine l'ombre du Grand Ringelstein.
Un premier château a été édifié dans la première moitié du XIIe siècle par Anselm de Ringelstein, un vassal des comtes de Dabo-Eguisheim. Il semble avoir été reconstruit ou modernisé vers 1225. Il est alors en possession de l'évêché de Strasbourg qui le confie aux bons soins de Burckard de Geroldseck. En 1470, le château, devenu un repaire de brigands, est détruit par Frédéric Ier, comte palatin du Rhin.
Après ce petit rappel historique, je pénètre dans la basse-cour du château par la porte Nord, percée dans le mur d'enceinte. À l'intérieur, un ensemble de quatre rochers se dressent dans le bleu du ciel. Sur le côté Est, un semblant d'escalier en piteux état, donne accès au sommet des rochers.
L'accès à la plate-forme, où se trouvait le haut-château est acrobatique. Au sommet, il faut se déplacer avec précaution, le site n'est pas sécurisé. Un faux pas et hop il n'y a plus personne.
En-dehors de la vue imprenable sur les environs, il ne reste malheureusement plus grand-chose à voir du logis seigneurial. Seul quelques moignons de murs subsistent. Ces vestiges, lieux de mémoire d'un autre temps sont peu à peu repris par la nature.
De mon perchoir, j'aperçois de l'autre côté du vallon du Ringelsthal, une masse rocheuse qui émerge du couvert végétal. Accroché au-dessus du vide, c'est le rocher du Pfaffenlapp, facilement reconnaissable grâce aux deux blocs de grès posés au bord de l'abîme. Deux silhouettes semblent d'ailleurs occupées par une séance photo.
Comme toutes les bonnes choses ont une fin, ma randonnée d'exploration s'arrête ici. Je reprends ma route en sens inverse, sans toutefois passer par le Hohenstein, en direction du carrefour des Anlagen puis le parking des Pandours.
D'autres photos de mes randonnées sont à voir dans la galerie
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